Wade nous a donné 20 millions pour combattre le mouvement "Y’en a marre".
Wade nous a donné 20 millions pour combattre le mouvement "Y’en a marre".
Le Populaire : Omar Niang, pouvez-vous vous présentez ?
Omar Niang : Je m’appelle Omar Niang. Je suis l’ex-manager de K’nal 4 Production. Je suis de la liberté 4 et je fais dans
le management.
Le Populaire : On parle de plusieurs millions que Me Wade aurait donnés à K’nal 4 production pour combattre «Y’en a marre».
Qu’en est-t-il véritablement ?
Omar Niang : Après les événements du 23 juin, le Président avait fait appel à nous par le biais d’un homme du nom de
Babacar Thiam qui travaille à la Présidence. C’est ce dernier qui nous a approchés et il a parlé à Chaka Bab’s et il lui a dit que le président veut nous recevoir. Là, après réflexion, on a dit
non, il ne peut pas nous recevoir, on ne peut pas aller au Palais. Parce que les journalistes vont nous voir là-bas. C’est ainsi que le Président a trouvé d’autres responsables pour que ces
derniers nous reçoivent. Et c’était Pape Diop, le Président du Sénat, le ministre d’Etat, Zakaria Diaw et Babacar Thiam lui-même. Nous avons été reçus aux Almadies, chez Pape Diop, le 26 juin,
vers 22 heures.
Le Populaire : Et qu’est-ce qui est ressorti de cette rencontre ?
Omar
Niang : Après discussions, ils nous ont proposé d’établir un plan d’actions en vue
de combattre le mouvement «Y’en a marre» sur le terrain. Ce que nous avons fait. Et après qu’Abdoulaye Wade ait vu le plan d’actions, il a proposé de nous donner 20 millions de francs Cfa. Les 20
millions nous ont été donnés par Babacar Thiam lui-même au niveau d’une impasse qui se trouve à l’immeuble Pasteur.
Le Populaire : Et à qui ces 20 millions ont été remis…
Omar
Niang : Les 20 millions ont été remis à Chaka Bab’s. Pratiquement nous avons
travaillé avec les 3 millions et Chaka Bab’s a pris les 10 millions. Moi, j’étais toujours hésitant, car je mesurais ce que cette affaire pouvait entraîner ultérieurement. Et j’ai été toujours
prudent. Par la suite, Chaka avait commencé à changer ce qu’il avait dit. Parce que cet argent, c’était pour les rappeurs. Il tra- vaille avec les rappeurs et ces derniers n’étaient pas au
courant que le président lui avait donné 20 millions. C’est là que les problèmes ont commencé. Et moi, j’ai démissionné de ce label K’nal 4. Pour essayer de régler le problème Chaka Bab’s, m’a
proposé 500 000 francs ce que j’ai refusé. Je n’ai pas pris l’argent. Je lui ai dit de garder les millions : «garde tout pour toi», lui ai-je lancé. J’ai démissionné et je lui ai donné tout son
matos. Et c’est là que j’ai appelé la Présidence pour leur expliquer la situation. Je parle, maintenant, mais il y a d’autres choses que je ne pourrais pas dire tout de suite.
Le Populaire : Justement, comme vous avez décidé de parler, autant tout dire maintenant ?
Omar Niang : J’ai déjà donné quelques noms et il y a d’autres choses qui se sont passées que je préfèrerais taire pour le
moment.
Le Populaire : Quelles choses ?
Omar Niang : C’est toujours dans le cadre de cette corruption. Ce sont des choses que je n’ai pas acceptées. Si j’étais
partant, c’est parce que je ne veux pas que ce pays brûle. Ce n’est pas quelque chose qui pourrait arranger la jeunesse. Donc j’étais engagé pour cela et uniquement pour ça. Mais pas pour autre
chose. Mais quand j’ai vu que ça ne marchait pas et que Chaka Bab’s tout ce qu’il avait dit c’était faux… (il ne termine pas la phrase). Il a colmaté des choses, il a inventé des choses. Même ce
qu’a dit Requin dans sa sortie contre le mouvement «Y’en a marre» c’était faux.
Le Populaire : Ah bon !
Omar
Niang : Ce qu’il a dit sur Moustapha Niasse, les voitures, les 40 millions, tout ça
c’était faux. Requin faisait partie du même deal. C’est Chaka Bab’s qui l’a mis dans le jeu.
Le Populaire : Et comment tout cela s’est passé ?
Omar Niang : Un jour, Chaka m’a appelé vers 22 heures pour me dire : «Omar, il faut appeler Requin, on va faire quelque
chose avec lui». Mais il avait auparavant appelé Requin et il avait discuté avec lui. Il a mis Requin en rapport avec des journalistes et c’est le lendemain que j’ai vu la sortie de Requin dans
les journaux. Je n’étais pas au courant de ce qu’il avait dit à Requin. Et après un mois, moi j’ai vu le journaliste qui avait écrit l’article. Mais lui-même m’a dit : «Moi, j’ai fait ce
reportage, mais Requin tout ce qu’il m’avait dit c’était faux. Parce que personnellement, j’ai fait des investigations et j’ai découvert que c’est faux». Moi aussi je savais que c’était faux.
Mais tout ça, c’était uniquement pour déstabiliser le mouvement «Y’en a marre».
Le Populaire : Donc tout cela faisait partie d’un plan bien mûri…
Omar
Niang : Tout cela faisait partie du deal et de la stratégie mise en place par K’nal
4 Production pour détruire «Y’en a marre». Aussi, la Dic a appelé les gars de «Y’en a marre» pour leur demander si Chaka Bab’s faisait partie du mouvement et s’il est membre fondateur du
mouvement. Ils menaient une enquête pour voir si Chaka est un homme fiable. Automatiquement, un gars de Keurgui et de «Y’en a marre» a appelé Chaka pour lui dire que la Dic a appelé pour savoir
s’il faisait partie du mouvement, s’il est membre actif. Il (Chaka Bab’s) a été invité par Kal’s à la Rfm et il a fait une sortie là- bas. Une sortie qui a tourné au vinaigre. Le lendemain, les
gens l’insultaient sur le net. Il a aussi fait une sortie dans un journal. Et il a dit que Kal’s et Simon de «Y’en a marre» lui ont tendu un piège. Il a dit du n’importe quoi sur Kal’s et sur
Simon. Et ce sont des choses qui n’étaient pas fondées, qui n’étaient pas vraies. Parce qu’il a été corrompu. Et il ne peut pas le nier. Moi, j’étais au cœur des événements. J’ai vu l’argent.
J’ai vu le gars lui donner un sachet en toile contenant les 20 millions. Et le concours Hip-hop que nous avions organisé à Yeungoulène, nous avons même payé les rappeurs avec cet argent-là. Le
premier avait 500 000 francs Cfa, le second et le troisième, tous ont été payés avec cet argent.
Le Populaire : Certains groupes ont, semble-t-il, démissionné quand ils ont su la provenance de cet argent
?
Omar Niang : Le premier groupe 7Shot a démissionné lorsqu’ils ont eu vent de cette corruption-là. Beaucoup de groupes de
rap ont démissionnés de K’nal 4. Des groupes de Mbour, de Pikine, de Fass Mbao aussi. Beaucoup de groupes ont démissionné et c’est ce qui m’a fait mal. Parce que moi, je suis un éducateur et
j’aime travailler avec ces jeunes. Je donne tout ce que j’ai à cette jeunesse du mou- vement Hip-hop. Donc quand je vois qu’ils sont en train d’être dupés, je m’arrête et je dis non. Et lui,
c’est un rancunier. Tout ce que les jeunes avaient gagné comme clips et tout, il a tout retiré. Parce que ces jeunes ont démissionné de K’nal 4. Et ce sont des sponsors qui avaient offert ça aux
jeunes. Mais il a refusé de le leur donner, ce qui m’a fait encore plus mal. Il y a plein de choses à dire, mais je les dirai au moment opportun.
Propos recueillis par Youssouf SANE (LePopulaire)
Prisonnier politique du SENEGAL. Malick Noel Seck. LIBERER