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Le blog de afrohistorama.over-blog.com

Patrice Ekwe Edimo Silo lance un appel aux peuples du Cameroun pour une constituante .

28 Mars 2024 , Rédigé par afrohistorama, Toute l'histoire sans histoire

APPEL AUX PEUPLES DU CAMEROUN POUR UNE CONSTITUANTE

Résistance à l’exogène ! Affirmons notre souveraineté !

Peuples du Cameroun,

Aujourd’hui, la classe politique camerounaise découvre les dysfonctionnements du système Institutionnel du Cameroun et engage une course pour savoir qui sera porteur de la meilleure réforme.

Peut-on donc prendre pour argent comptant, comme le font tant de commentateurs médiatiques, leur réformisme soudainement débridé ? Il ne faut d’ailleurs pas chercher bien loin pour voir dans les positionnements des uns et des autres la simple volonté de survie dans un Cameroun qui s’écroule et l’ambition plus ou moins mal dissimulée de prendre la tête d’une alternance qu’on pressent inéluctable en octobre 2025, de remplacer son excellence Monsieur Le Président Paul BIYA, quitte à en déformer le cours pour qu’il permette de conserver l’essentiel de l’existant ou de coller à un chemin personnel.

Que le système Institutionnel camerounais soit en crise est une évidence. Mais ce qui est nouveau, c’est d’entendre certains personnages politiques critiquer un système dont ils s’accommodaient jusqu’alors et dans lequel ils déployaient consciemment leurs stratégies politiciennes.La crise politique que nous traversons n’est pas seulement une crise de régime. Elle exprime une inquiétude sur le sens des mots, sur la nature même des Institutions, sur la vie publique. Elle concerne en fait le devenir des Peuples du Cameroun au sens de la capacité à maîtriser leur propre destin.

Les Peuples du Cameroun ne sont évidemment pas portés à défendre la caricature de démocratie que sont actuellement les Institutions camerounaises. Mais cela ne justifie en aucune façon la propagande destinée à faire croire que la crise de la démocratie résulte de l’emploi du suffrage universel. Bien au contraire, celui-ci est systématiquement détourné par les Institutions et les partis politiques.

Voilà plusieurs décennies que le régime de Yaoundé se fragilise. Il est fondé sur un pilier présidentiel sans contrôle, d’ailleurs renforcé depuis l’an 1972 par la réunification et la prééminence de l’élection du Président de la République.

La vie politique, au Cameroun, se résume désormais, plus ou moins, à l’élection, tous les 7 ans, d’un Président de la République qui concentre tous les pouvoirs. La séparation des pouvoirs n’est plus qu’illusion. Le Parlement ne sert pratiquement plus à rien, l’Assemblée nationale et le Sénat étant totalement soumis à l’exécutif qui transforme les parlementaires en dévoués, fidèles de la Présidence de la République. La justice n’a pas son indépendance.Les Institutions camerounaises représentent la caricature de ces dérives occidentales.

N‘en déplaise à ceux qui jouent le jeu des Institutions d’aujourd’hui en espérant tirer les marrons du feu, nous sommes face à une double Illégitimité : celle de la classe politique et celle des Institutions imposées par la colonisation.

Nous pouvons imaginer l’objection des légalistes : « la démocratie n’a jamais été parfaite ». C’est vrai, mais une société vit aussi en fonction des valeurs, pour le Cameroun, c’est avec les « US et COUTUMES ». Avant la colonisation, la foi, la confiance dans les valeurs coutumières ont été les référents, force est de constater qu’aujourd’hui notre société s’est fixée comme points de mire des non-valeurs telles que l’argent, la concurrence, l’apparence.

Ces critiques sont peut-être utiles. Mais touchent-elles à l’essentiel ? Le fossé qui s’est creusé entre la classe politique et les Peuples, l’absence quasi-totale de lien entre les Instituions coutumières et les Constitutions exogènes mises en œuvre justifient bien entendu une remise à plat des règles du jeu Institutionnel actuel. Mais par qui et comment ?

La crise qui pèse sur la vie publique est aujourd’hui, quoi qu’on en dise, celle de la légitimité, celle des partis comme celle des principales personnalités politiques qui en sont le produit.

Il n'est plus temps de se demander s'il faut que l'imprévu se produit. Des voix s'élèvent depuis quelques mois, quelques années de tous les partis politiques et de la société civile pour dénoncer les insuffisances sur le code électoral ou sur la Constitution du Cameroun.

Arrêtons donc de nous étriper sur tel ou tel article du code électoral ou de la Constitution. Il n'est plus temps de se demander ce que nous ferons le lendemain de la présidentielle de 2025 et il ne suffit pas de proposer des alternatives. Le code électoral consensuel n'apporterait rien de mieux que des ajustements à la marge alors qu'une CONSTITUANTE donnerait toute sa crédibilité à l'engagement dans un processus constituant de tous, seule issue de la crise ouverte aujourd’hui. Nous sommes sûrs que l'appel à une constituante peut rassembler tous les Peuples du Cameroun convaincus.

Qu’on le veuille ou non, l’appel aux Peuples du Cameroun ne peut se faire que dans sa signification globale, au-delà du clivage majorité présidentielle-opposition politique, et c’est pourquoi nous pensons que les Peuples du Cameroun doivent se retrouver au-delà des partis politiques.

Le dialogue doit retrouver ses droits et partout on ne parle plus que de cela, de notre destin commun, des règles qu'on veut se donner.Le besoin des Peuples du Cameroun est de plus en plus aujourd’hui une évidence pour faire face aux défis du développement. Un pays sans peuples n’a pas d’avenir.

Revaloriser les valeurs coutumières, qu’on appelle communément communauté ethnique, peut encore permettre d’éviter la catastrophe vers laquelle l’absence de volonté collective nous conduit.

Nous pensons que les Peuples du Cameroun devraient œuvrer à l'unification des efforts de la société civile et politique pour la défense des valeurs coutumières du Cameroun qui sont "les garants de la transition démocratique de demain".

Nous pensons aussi que l'absence de la reconnaissance des droits coutumiers et des valeurs coutumières ont été, sous les régimes UC, UNC et RDPC, à l'origine des crimes de corruption, du pillage des biens publics et des problèmes fonciers, l’exemple du « scandale de Dikologate » à Douala-Bali.

Pour cela nous devons appeler dès maintenant, avec le plus grand nombre des Peuples du Cameroun, à la mise sur pied d'une CONSTITUANTE qui donnerait tout son sens en redonnant la parole aux Peuples et une ambition pour l'avenir de notre pays, le Cameroun.

MAIS EN FAIT C’EST QUOI UNE CONSTITUANTE ?

Une Constituante est un arbre à palabres où on rassemble les Peuples de toutes les communautés ethniques du Cameroun pour écouter, dialoguer et échanger sur les problèmes du village, de la République, et où se prennent des décisions. Elle a aussi pour fonction de concevoir une nouvelle CONSTITUTION. Elle consiste en une réorganisation des Institutions et des règles du jeu politique jugées défaillantes. C’est aussi une réaffirmation de la volonté des Peuples du Cameroun, alors confisquée. Elle consiste à remettre le pouvoir politique dans les mains des Peuples et des communautés coutumières.

En général, une constituante intervient lorsque les Institutions du pays ont perdu toute légitimité, la situation politique est bloquée. Nous pensons qu’aujourd’hui, la politique au Cameroun est BLOQUEE.

Une Constituante signifie aussi, plus particulièrement, l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, en restaurant la séparation des pouvoirs. Pour le Cameroun, entre l’Exécutif, le Parlement, et la Justice. Surtout, en redonnant le pouvoir aux Instituions coutumières, nous pensons aux Chefferies.

Une Constituante n’appartient pas à une fraction particulière de la société, mais veut représenter toute la société. Elle vise, de façon générale, unanime, à redonner au peuple sa SOUVERAINETE légitime.

Aujourd’hui, soyons clair, avec le modèle de la République occidentale, nous vivons dans un CADRE POLITIQUE LÉGAL MAIS ILLÉGITIME. Nous sommes dans l’impossibilité de continuer à se situer dans un espace politique qui se dit démocratique et qui l’est de moins en moins. Le choix va inévitablement se situer entre la continuationd’une forme autoritaire de Gouvernance, caractérisée comme "occidentale", et la reconnaissance des valeurs coutumières camerounaises.

POUR RAPPEL : la Nation du Cameroun, notre pays, est composée de groupes ethniques.

CONCLUSION

La Nation camerounaise est détruite. D’abandons en compromissions, les pouvoirs publics depuis le premier Gouvernement en 1958 jusqu’à aujourd’hui, n’ont plus qu’un rapport théorique avec les Peuples, les autochtones. Les pays occidentaux ont usurpé le pouvoir des Peuples du Camerounau nom des Traités ou Accords internationaux qui leur servent de masque. En particulier, la place des experts techniques occidentaux dans les sphères du pouvoir et de leurs méthodes, est centrale dans les prises de décision, l’exemple des Institutions de Brentwood complètement hors de portée des Peuples, grand aspirateur des souverainetés africaines, apparait au grand jour et s’oppose aux Peuples qui ont l’audace de vouloir affirmer leur souveraineté, leurs valeurs coutumières pour le développement de la République du Cameroun.La destruction méthodique des valeurs coutumières par la colonisation a engendré la décomposition de la société camerounaise, son effondrement sur le plan des Institutions et du développement. Pire, les Présidents de la République successifs nient la souveraineté des Chefferies coutumières et des Rois dont les Pouvoirs sont pillésau profit d’une nébuleuse « constitution occidentale ».

Aujourd’hui, les Peuples du Cameroun n’ont pas renoncé à la République des « VALEURS COUTUMIERES », sachant que le but de toute communauté est la conservation des droits autochtones, des droits coutumiers et imprescriptibles de l’homme : ces droits sont les valeurs coutumières, la confiance, le territoire, la terre et la résistance à l’oppression.

Les Peuples du Cameroun ne sauraient être méprisés, manipulés, pris pour des demeurés analphabètes, sans que la République ne soit méprisée elle aussi.

Alors que l’état de paralysie avancé de notre système Institutionnel est chaque jour plus manifeste, nous ne pouvons attendre autre chose que l’immobilisme ou la crispation autoritaire de ceux qui osent encore se dire nos représentants. C’est donc à nous, Peuples du Cameroun, qu’il appartient d’affirmer haut et fort notre SOUVERAINETE, en cessant de laisser penser que ces classes prétendument dirigeantes peuvent légitimement parler en notre nom. En mettant en commun nos analyses, nos propositions et nos initiatives, nous ferons la démonstration que nous pouvons faire RENAÎTRE LES VALEURS COUTUMIERES sans avoir à leur prêter allégeance.

La crise actuelle au Cameroun n'est pas seulement celle de la majorité politique, mais aussi celle de toute une organisation politique ; c'est pourquoi la confiance entre les Peuples et responsables politiques se dissout année après année, élections après élections.

Alors que le monde se trouve en mutation profonde, la République du Cameroun s'enferme dans des certitudes - affaiblissement systématique de l’Etat - qui ôtent toute aptitude d'action spécifique. Le soutien actif des Peuples du Cameroun aux choix politiques est nécessaire face aux défis de la période, à la fois pour mobiliser sur le terrain national et pour configurer de nouvelles solidarités panafricanistes.

Aujourd’hui, une seulevoie s'ouvre à nous : la Constituante. Un chemin qui sollicite les Peuples du Cameroun.

C'est dans cette volonté que doit résider l'issue pacifique et démocratique à la crise actuelle que traverse la République du Cameroun. Et la création d’une constituante en offre un aboutissement. C'est là l'objectif principal de la Constituante, cette refondation de la société autour de la réappropriation de ce bien collectif que sont les valeurs coutumières. Elle ne prendra son sens démocratique qu'en laissant s'exprimer les divergences d'où doit émerger à nouveau l'intérêt général. Elle permet d'œuvrer à la reconstruction de nouvelles bases, nouvelles fondations, nouvelles Institutions, en un mot, une nouvelle Constitution pour le Cameroun.

C’est pourquoi nous faisons APPEL à vous, aux Peuples du Cameroun, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, et aussi de la Diaspora, à se réunir partout où c’est possible, afin de participer à la rédaction des cahiers d’exigences, premier acte de la résistance à une oppression de l’Occident devenue insoutenable pour notre « DEVELOPPEMENT », pour notre « SOUVERAINTE ».

Y a-t-il encore au Cameroun des groupes ethniques ? La question pourra étonner. Elle est pourtant le cœur de la crise politique actuelle.

 

Patrice EKWE EDIMO SILO

Union Coutumière et Solidaire de la Résistance

 

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