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UPC: Que vaut l'union des néo-collabos avec les "mouvementistes"? par Emeh Elong

22 Mai 2012 , Rédigé par afrohistorama, Toute l'histoire sans histoire

 UPC: Que vaut l'union des néo-collabos avec les "mouvementistes"? par Emeh Elong
Cameroon1

Après la disparition de l’‘’illustre’’ collabo Augustin Frédéric Kodock (paix à son âme) et la perspective des échéances politiques, une redistribution de cartes au sein de l’Upc agrippée au Rdpc n’est que la norme pour officialiser leur nouveau ‘’Pétain’’. Mais parler de l’unité de l’Upc, comme une question nouvelle et surtout avec le renfort des transfuges ‘’mouvementistes’’ de l’Upc des Fidèles, ne peut que faire sourire les observateurs avertis !  Cela renchérit, bien sûr, l’utilité de repréciser l’origine des divisions au sein de l’Upc et ses aboutissants, et souligner avec force que les Upécistes véritables n’attendent nullement aucun ‘’sauveur‘’, surtout de moralité politique douteuse, fût-il un dinosaure des luttes de libération au Kamerun… Mieux,  il est bon de se demander aujourd’hui, au-delà de sa puissance historique et ses idéaux fondamentaux, si l’Upc, telle qu’elle se présente actuellement, peut continuer à représenter une espérance pour les Kamerunais ?

Il est inutile de faire croire aujourd’hui, aux Kamerunais, surtout à la jeunesse, que les divisions ou les tendances dans l’Upc sont un problème accidentel, comme l’affirme faussement le Pr Daniel Abwa : « L’histoire des tendances à l’Upc remonte surtout après la mort de Um Nyobè qui était l’unificateur de ce mouvement » (1), ou bien une question de la qualité des personnes au sein du Mouvement nationaliste. Car, le Pr Daniel Abwa continue : «  Tous ceux qui ont voulu le remplacer (Um Nyobè) n’avaient ni le charisme, ni le niveau de patriotisme et l’abnégation qui pouvait leur permettre de rassembler, sans créer de clivages entre les militants » (2).

Car, lors de  la création de l’Upc le 10 avril 1948 à Douala, l’Administration coloniale et fasciste française a mis tous les moyens pour briser ce qui deviendra l’âme du peuple Kamerunais. Puisque, selon Richard Joseph : «Finalement le 09 avril 1948, l’Administration, faute de preuves tangibles des agissements nocifs du nouveau groupe, et coincé entre les termes de la Constitution Française et les pressions du RDA et les parlementaires communistes à Paris, accusa officiellement réception des statuts de l’Upc, ce qui équivalait à la reconnaissance légale » (3).

 Ainsi dès sa naissance, l’Upc a été la cible de toutes sortes de manœuvres de déstabilisation de la part de l’Administration coloniale afin de l’empêcher de fonctionner normalement. Des manœuvres allant de la dispersion à travers le territoire de tous les cadres upécistes  fonctionnaires, à la création des partis politiques fantoches, des ‘’oppositions africaines’’ devant s’opposer à l’Upc, en passant par le chantage, la corruption et enfin la persécution des militants. Ainsi, après son premier Congrès tenu en Avril 1950 à Dschang, la Direction élue fut, aussitôt, l’objet d’arrestations et de procès ignobles (4). 

 Dès lors, Um Nyobè est amené à constater ‘’ qu’au moment où se réunit le deuxième congrès de l’Upc, plus de la moitié des membres du Comité Directeur élu par le congrès de Dschang ont abandonné la lutte’’ (5).

 L’escalade déstabilisatrice programmée afin de détruire l’Upc ou la rendre inoffensive se poursuivra par les mémorables massacres des patriotes Kamerunais en Mai 1955 ; ensuite vint la création de toutes pièces d’un prétendu trio de Kumba (l’aile dure et communiste bamiléké de l’Upc : Moumié (Bamun), Kingué et Ouandié) opposé à Um Nyobé ‘’le modéré basaa’’.  Le colonialisme français ayant attendu en vain l’implosion du quatuor dirigeant de l’Upc, le Mouvement de libération kamerunaise connut alors sa toute première division ou dissidence de son histoire: le ‘’Manifeste des scissionnistes’’ parut le 1er mai 1957. Même cela fut une tempête dans un verre d’eau.

Enfin, les colonialistes et fascistes français sortirent l’arme redoutable qui permit la trahison et l’assassinat de Ruben Um Nyobé, le 13 septembre 1958. Et évidemment, la mise en place d’une Upc ‘’légale’’ et sage dirigée par Mayi Matip, qui accepta les conditions de l’Administration française contre l’Upc authentique, dirigée par Moumié, Kingué et Ouandié, la direction élue au dernier congrès d’Eséka en 1952.

Alors, qu’on cesse de rebattre les oreilles des crédibles kamerunais : l’Upc n’est pas plus divisée aujourd’hui qu’hier. Les divisions ne sont qu’une arme cinquantenaire des ennemis irréductibles du Mouvement nationaliste et leurs suppôts.

Précisons que : la déstabilisation et la destruction qui étaient programmées hier par des colonialistes français, ont été naturellement reprises par les pouvoirs politiques Kamerunais néocoloniaux. Mais, les méthodes ont changé : la règle d’assassinat qui était de mise hier est devenue celle de faire pourrir l’Upc de l’intérieur, en assignant à d’autres compatriotes ‘’Upécistes’’, qui également y trouvent leur compte, le rôle et le travail de perturber la mission nationaliste, anti-néocolonialiste et de progrès de l’Upc, et en même temps, de brouiller l’image de l’Upc  authentique  auprès des masses populaires…

Ainsi, les divisions et les tendances de l’Upc ne sont point une question de leadership, encore moins celle des égos des dirigeants, mais un problème d’orientation politique. Ainsi, tous les remous observés ne sont que des luttes politiques qui sont l’expression d’un choix entre la continuation du combat libérateur du Kamerun contre les spoliateurs autochtones et le néocolonialisme, ou le sabordement de l’Union des Populations du Cameroun en un instrument entre les mains des liquidateurs de notre cher pays.

Au mieux, cet état de fait dérive d’une situation politique structurelle, et non des faits conjoncturels, relative hier au colonialisme qui ne tolérait aucune volonté nationale réelle de libération des peuples coloniaux ; et aujourd’hui, il intimement lié à la nature des régimes politiques de dictature néocoloniale. Car, il faut à la dictature néocoloniale africaine, dans son incapacité de produire librement des programmes et une espérance aux masses populaires, elle fausse le jeu ‘’démocratique’’, en embrigadant les forces politiques selon son choix, d’où le pouvoir de l’Administration sous la coupe du Rdpc, d’accorder ou de refuser aux partis politiques, la liberté d’exercer officiellement et librement dans la vie politique de la Nation.

Ainsi, hier le colonialisme créa les ‘’oppositions africaines’’ qui s’opposèrent aux véritables patriotes africains, afin d’installer le néocolonialisme. Aujourd’hui, les pouvoirs politiques dictatoriaux néocoloniaux, s’appuient sur les partis politiques fantoches pour leur survie politique.

Quel avenir pour l’UPC ?

Il y a eu beaucoup d’effervescence autour des Upc ces derniers temps. L’Upc des Fidèles a tenu  son Congrès statutaire en renouvelant sa direction politique et a précisé ce que doit être l’Upc :

 « 1- (…) Le parti des classes et des couches exploitées (…), auxquelles s’ajoutent des patriotes kamerunais ayant fait le choix de lutter pour les intérêts des classes exploitées.

2- L’orientation de l’Upc doit être progressiste, anti-impérialiste et panafricaniste.

Elle répond à deux exigences :

1ère exigence : Les grands moyens de production et d’échange doivent être la propriété de la nation entière. Ce qui exige notamment les nationalisations et l’extension du secteur public.

2ème exigence : Les producteurs et les salariés d’une façon générale doivent être impliqués dans la gestion des unités de production et de services.”

 Par ailleurs, l’Upc-Kodock, rejoint par la tendance Hogbè Nlend et quelques transfuges de l’Upc des Fidèles a tenu, elle aussi, un Congrès extraordinaire et unitaire à Douala. Là également, une nouvelle direction a été présentée, avec la social-démocratie comme orientation politique.

Mais, au même moment, une autre partie de l’Upc-Kodock qui a contesté ce Congrès  en tint un autre, d’où sorti une direction différente.

A propos de ces deux congrès, un responsable de l’Upc des Fidèles s’interrogea : « On se demande quel était le but recherché à travers ce congrès, puisque ce congrès, loin de rassembler, a plutôt atomisé cette UPC gouvernementale. » (6).

Dans ce cafouillage, émerge à répétition et avec intempérance, au-delà de certaines vérités, la voix de  ‘’l’illustre dernier dirigeant et grand combattant des maquis de l’Upc’’, qui hier quitta, le parti sans  rendre compte, jusqu’aujourd’hui, des vraies raisons de son départ volontaire ou obligé de l’Upc combattante et clandestine. Et à son retour surprenant au Kamerun, Woungly Massaga fut le chantre de Paul Biya. Nous souhaitons, lui rappeler que ce n’est pas seulement par des mérites intellectuels, combatifs ou militants que les dirigeants upécistes ont été érigés en héros nationaux. Mais, surtout pour leur moralité politique…

Enfin, que l’illustre ‘’formateur et maître’’ se rappelle de ces paroles de la Sainte Bible: ‘’ Le disciple n’est pas plus que le maître ; mais tout disciple accompli sera comme son maître’’ (7).

Au-delà de tout cela,  la vraie question aujourd’hui est de savoir si les Upc, hormis certains de leurs fondamentaux, représentent encore un rêve libérateur pour le Kamerun ? Car, c’est là l’essentiel des préoccupations des Kamerunais !

 Nous en doutons fort. Car au lieu de continuer à claironner comme Woungly Massaga et d’autres: “l’Upc est la seule force sur laquelle notre peuple peut et doit compter pour que l’après-Biya ne soit pas une nouvelle succession d’années ou pire de décennies de dictature” (8); il est indiqué de s’interroger, si en tant qu’organes politiques, ces Upc ont un impact sur l’évolution, les contradictions ou les combats des Kamerunais, aujourd’hui, malgré les contingences socio-politiques réelles ?

Ainsi, ce n’est pas l’union des forces qui ne seront jamais des blocs cohérents et puissants parce que n’étant pas semblables, qui rassembleront le peuple pour marcher vers la victoire, puisque, certaines des Upc ont été créées pour être assignées à des tâches structurelles de la dictature néocoloniale Rdpc, que Woungly Massaga a servi aussi (s’il ne continue plus) à un moment donné. Et en passant, ces collabos  perçoivent des prébendes escomptées.         

Alors, que des transfuges  “mouvementistes” des Fidèles et autres rejoignent les néo-collabos, malgré la sincérité de quelques-uns, le fondement de l’existence des Upc primera, malgré eux ...    

Alors, d’où viendra l’espérance libératrice ?

Les véritables patriotes de tous bords dans tous les organes politiques, des associations civiques et les masses populaires qui ressentent la nécessité d’un autre Kamerun doivent investir ardemment le champ socio-politique. Car le fond du problème de l’Upc comme celui du Kamerun d’ailleurs, au-delà des atavismes, demeure celui d’une libération réelle de la dictature néocoloniale.

    

                                                                                          David Ekambi Dibonguè

Article à paraitre dans le prochain n° de Camaroes

-1- Messi Bala, Pr Daniel Abwa : ‘’L’UPC souffre de l’absence de Um Nyobè’’ in Cameroon Tribune du jeudi 29 mars 2012. P, 9

- 2- Ibid.

-3- Richard joseph, Le mouvement nationaliste au Cameroun. Les origines sociales de l’UPC. Editions Karthala. P,  112

- 4- Lire ‘’ La Voix du Kamerun’’ n°5- Mai 1950

- 5- R. Um Nyobè, Rapport au Deuxième Congrès de l’Upc à Eséka, in Ecrits sous maquis. Editions L’Harmattan. P.80

-6-Théodore Tchopa, H. Ham Ekoué : ‘’ L’UPC gouvernementale atomisée’’ in Le Jour n°1154 du vendredi 23 mars 2012, p, 4

- 7- La Sainte Bible ; Luc : 6,40

-8- Woungly Massaga, L’état actuel de l’Upc.

 

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