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Le blog de afrohistorama.over-blog.com

Traduction de la lettre du Congrès Américain à l’attention du président Wade et Analyse.

20 Décembre 2011 , Rédigé par afrohistorama, Toute l'histoire sans histoire

Traduction de la lettre du Congrès Américain à l’attention du président Wade et Analyse.

En résumé. Ne déposer pas votre candidature pour 2012.

 Lettre-du-Congres-americain-a-Wade.jpg

Retranscription en anglais

President Abdoulaye Wade

Dakar, Senegal

Dear president Wade,

We are writing to you to express our admiration for Senegal’s long commitment to democracy and economic development and to express our concern about the upcoming presidential elections. We deeply value the close relationship that has developed between our two countries since the time of Senegal’s independence, and hope Senegal can continue to serve as a model of stability and good governance in Africa.

It is, therefore, with regret that we note the effect that your potential candidacy in the 2012 elections is having on your country and your reputation.

We have witnessed uncharacteristic clashes between angry protestors threaten increased violence in Dakar and elsewhere as elections approach, if you continue to seek a third term.

Regardless of haw the courts rule on your eligibility to run, it would be damaging to Senegal and to democracy in Africa if a major constitutional or political crisis were to ensue.

Senegalese institutions and democracy, long a beacon of stability and hope throughout Africa, cannot risk such negative consequence. Street violence and growing insecurity could unravel your many achievements in democracy, civil liberties, economic reform, as well as on peace and regional security. Finally, such a crisis may strain the close ties which have been forged between our two governments.

The United states remains eager to work with you in addressing the challenges that face Senegal, west Africa, and the global community. Your efforts to lead a successful presidential transition in February 2012 would ensure that Senegal remains a model of democracy for Africa, paving the way for a new generation of African leaders, and solidifying your stature as a highly respected statesman.

We look forward to collaboration with you and the future leaders in Senegal which will build upon and enhance your many domestic and international contributions.

Sincerely

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Traduction en français

Président Abdoulaye Wade

Dakar, Sénégal

Cher président Wade,

Nous vous écrivons pour vous exprimer notre admiration pour l'engagement du Sénégal à la démocratie, à son long attachement au développement économique, et exprimons notre préoccupation au sujet des prochaines élections présidentielles.

Nous estimons profondément la valeur des relations étroites qui se sont développées entre nos deux pays depuis l'époque de l'indépendance du Sénégal, et nous espérons que le Sénégal peut continuer à servir comme un modèle de stabilité et de bonne gouvernance en Afrique.
C’est, donc, avec regret que nous constatons l'effet qu’a votre candidature potentielle dans les prochaines élections présidentielles de 2012 sur l’image de votre pays et de votre réputation.
Nous avons été témoin des affrontements inhabituels entre les manifestants en colère et les membres des forces de sécurité.

La violence envers les protestataires en augmentation à Dakar et ailleurs à l'approche des élections, si vous continuez à vouloir briguer un troisième mandat.


Indépendamment de la décision des tribunaux sur votre admissibilité à concourir, il serait dommageable pour la démocratie au Sénégal et en Afrique en cas d’une crise constitutionnelle majeure ou politiques devant  s'ensuivre.
Les institutions sénégalaises et la démocratie, longtemps un modèle de stabilité et d'espoir à travers l'Afrique, ne peuvent pas risquer de telles conséquences négatives.

La violence dans la rue et l'insécurité croissante pourrait démêler vos nombreuses réalisations en matière de démocratie, des libertés civiles, de la réforme économique, ainsi que sur la paix et la sécurité régionale. Enfin, une telle crise pourrait peser lourdement sur les liens étroits qui ont été forgés entre nos deux gouvernements.
Les Etats-Unis restent impatients pour travailler avec vous pour relever les défis auxquels fait face le Sénégal, l’Afrique de l'Ouest, et la communauté mondiale. Vos efforts pour mener une transition réussie présidentielle en Février 2012 serait d'assurer que le Sénégal demeure un modèle de démocratie pour l'Afrique, ouvrant la voie à une nouvelle génération de dirigeants africains, et en solidifiant votre stature d'homme d'Etat très respecté.
Nous nous réjouissons de la collaboration avec vous et les futurs dirigeants du Sénégal qui s'appuieront sur vos nombreux acquis en améliorant les contributions intérieures et internationales.
Nos sincères salutations.

Traduction : Luc Banemeck

 

 

Analyse de la Lettre du Congrès Américain à l’attention du président Abdoulaye Wade.

        Pour décrypter le contenu de cette lettre, nous avons fait appel au Stratégiste Luc Banemeck afin d'éclairer  nos lecteurs  dans une vision Panafricaine.


Luc banemeck-copie-2Luc Banemeck, Business Strategist

 

Afrohistorama : Que pensez-vous de la lettre du Congrès Américain à l’attention du président Abdoulaye Wade ?

L. Banemeck : C’est une lettre diplomatique qui résume très bien l’ambiance pré-électorale au Sénégal. A savoir que le président Abdoulaye Wade voudrait concourir en 2012, malgré les dispositions de la constitution Sénégalaise qui ne le permettent pas.

Afrohistorama : Que dit la constitution Sénégalaise  à ce propos ?

L. Banemeck : La Constitution adoptée en janvier 2001 dispose que le président de la République peut se présenter une seule fois. Le président Abdoulaye Wade a été élu une première fois le 1er avril 2000 et réélu pour une deuxième fois le 27 février 2007.

Ce qui veut dire que si on applique la constitution, il ne doit plusse représenter point barre. En tant que garant de cette constitution s’il est le premier a la violé, alors le Sénégal est dans de mauvais draps.

Afrohistorama : Ce qui veut dire pour vous sa candidature n’est pas recevable ?

L B : Tout à fait, non seulement elle n’est pas recevable sur le plan juridique, elle ne l’est pas également sur le plan moral et patriotique. Je m’expliquerai dessus plus tard.

Afrohistorama : Quel sont les arguments du camp Wade ?

L B : je précise de prime abord que les arguments de la recevabilité de sa candidature sont battus en brèches par tous les constitutionnalistes sénégalais à 95%. Ce dernier s’entête tout simplement en se fondant sur les arguments des «mercenaires» du droit.

Les mercenaires du droit sont les constitutionnalistes étrangers en majorité  des français venus à un forum organisé par le gouvernement de Wade à Dakar pour annoncer aux constitutionnalistes sénégalais qu’ils avaient tort.

Afrohistorama : Que disent ces mercenaires du droit ? 

Selon ces «mercenaires du droit », la Constitution adoptée en 2001 qui prévoit la limitation du nombre des mandats à deux ne s’applique pas au premier septennat de Wade acquis sous l’empire de la Constitution de 1963. En clair, la loi n’est pas rétroactive. Sauf décision explicite contraire du constituant ou du législateur, la loi n’est pas rétroactive, juge-t-ils.

En conclusion, aucune disposition de la Constitution ou des lois organiques ne fait obstacle à la recevabilité de sa candidature.

Donc vous remarquerez que les arguments du camp Wade sont essentiellement des arguments des étrangers aux motifs cachés et indépendamment des intérêts du peuple Sénégalais, bien qu’éminent constitutionnalistes, Ces gens n’ont rien avoir avec la constitution du Sénégal.

Afrohistorama : Pour revenir à la lettre des congressmen  Américains. Que pensez-vous de ce passage : « …avec regret que nous constatons l'effet qu’a votre candidature potentielle dans les prochaines élections présidentielles de 2012 sur l’image de votre pays et de votre réputation.. »

L. B : Ici, les congressmen Américain veulent dire au président Wade que sa candidature potentielle suscite beaucoup de remous au sein de la société Sénégalaise. Ceci représente non seulement un danger pour les intérêts  du Sénégal, mais aussi pour toute la région et au-delà, ceux des Etats-Unis. De plus sa réputation personnelle pourrait être ternie par ce jeu dangereux.

Alors faut-il mettre en danger la stabilité d’un pays et de toute une région pour une interprétation personnelle de la constitution ? La est toute la question. Et le président Wade doit mesurer la portée de sa candidature éventuelle à cette élection.

 

Afrohistorama : le congrès Américain rappelle également l’excroissance de la répression. « … La violence dans la rue et l'insécurité croissante pourrait démêler vos nombreuses réalisations en matière de démocratie, des libertés civiles, de la réforme économique, ainsi que sur la paix et la sécurité régionale. Enfin, une telle crise pourrait peser lourdement sur les liens étroits qui ont été forgés entre nos deux gouvernements… »

L. B : En effet tout le monde pourrait bien le noter, ces derniers mois on peut noter une augmentation de la répression policière au Sénégal.  La liberté d’expression aussi.

 Malick Noel Seck a été mis aux arrêts tout simplement parce qu’il s’est exprimé sur les delestatages énergétiques (coupures intempestives du courant électrique) et la corruption qui gangrènent  l’entourage du président Wade.

En un mot les congressmen US dénoncent, mettent en garde, et prodiguent des conseils.

On a déjà parlé des violences envers les manifestants pour les dénonciations.

Mise en garde : « … Les Etats-Unis restent impatients pour travailler avec vous pour relever les défis auxquels fait face le Sénégal, l’Afrique de l'Ouest, et la communauté mondiale... »

Les Etats-Unis ne seront l’ami du Sénégal que s’il écoute et applique les conseils. C’est aussi un ordre expédié au président Wade. Dans le cas contraire vous ne serez plus notre ami et tout sera possible dans nos relations. A vous de choisir.

Conseil : « … Vos efforts pour mener une transition réussie présidentielle en Février 2012 serait d'assurer que le Sénégal demeure un modèle de démocratie pour l'Afrique… »

Le congrès Américain conseille au président Wade de permettre une transition démocratique, et non une continuité de son régime. Car sans faire allusion à son âge qui est très avancé. Il lui conseille de faire émerger une nouvelle génération de politiciens sénégalais, et non de s’accrocher au pouvoir. A son âge  on prépare la relève on ne s’accroche pas.

Bref cette lettre est dans le même style que celle que la Secrétaire Hilary Clinton avait envoyée au gouvernement Camerounais  en 2010.

Afrohistorama : Que pensez-vous de tout ce micmac.

L B : Je pense que la candidature éventuelle du père Wade est immorale.  Pour deux raisons.

Sur le plan patriotique : En faisant interpréter la constitution sénégalaise par des constitutionnalistes étrangers, alors que tous les constitutionnalistes sénégalais à 95 % pensent le contraire. Il méprise la loi fondamentale de son pays et le degré de connaissance de ses concitoyens.

La deuxième raison est d’ordre moral. Comme le rappel si bien les américains même si je ne suis pas d’accord qu’ils s'ingerent dans les affaires sénégalaises, à l’âge du président Wade, on ne s’accroche plus au pouvoir on passe le flambeau.

Et pour conclure je dirai que le président Wade s’est trompé dans sa stratégie pour sa  légitimité sur le plan international dans un éventuel passage en force pour se faire réélire en dépit des prescriptions de la loi fondamentale sénégalaise. Il croyait qu’en soutenant les états Unis, et l’Union Européenne dans leur croisade contre Gbagbo Laurent et ensuite contre Kadhafi, il serait récompensé comme Blaise Compaore qui a refait une mascarade d’élection en remportant 95% des suffrages ou Jonathan Goodluck qui n’avait aucune légitimité pour se présenter aux élections présidentielles au Nigeria. Les conseillers du président Wade se sont trompés sur toute la ligne. Eux qui aiment l’assentiment de l’intelligentsia français doivent relire les écrits de leur illustre président, le General De gaule. Qui a dit je cite : « les pays n’ont pas des amis, mais des intérêts ».

Les Etats-Unis pensent que leur intérêts ne convergent pas avec la réélection du président Wade et ils le lui font savoir diplomatiquement.

A suivre...

Interview réalisé par Mbombog Ntohol



 

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