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Le Cameroun peut-il être un pays émergent en 2035 ?

13 Mai 2011 , Rédigé par afrohistorama, Toute l'histoire sans histoire

Le Cameroun peut-il être un pays émergent en 2035 ?

 

Voici pourquoi le Cameroun ne sera pas un pays émergent en 2035si rien ne change aujourd'hui.

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 A l’occasion des festivités marquant le cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, le chef de l’Etat camerounais Paul Biya a déclaré lors d’un discours radio télévisé à la nation que l’objectif du gouvernement est de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035. Mais force est de constater qu’en l’état actuel des choses, plusieurs facteurs perceptibles et non négligeables concourent  à ce que le pays de Martin Paul Samba ne soit pas un pays émergent en 2035 et peut-être même au delà. Mais pourquoi est ce qu’en 2035 le Cameroun, pays largement pourvu de ressources naturelles et intellectuelles, ne sera toujours pas un pays émergent ?

 Avant le moindre apport de réponse à notre question, notons dès l’abord que la question est maladroitement libellée. Car en effet nous sommes en face d’un "pourquoi" au lieu d’un "comment". «Comment pouvons-nous mieux faire?» plutôt que «Pourquoi les choses vont-elles mal ?» La question «POURQUOI ?» appelle une justification, alors qu’avec la question «COMMENT ?», des explications et des solutions commencent à fuser. De ce fait il serait nécessaire de recadrer le "pourquoi" en "comment". Car le succès ne s’achète pas à crédit, il faut le payer à l’avance surtout lorsqu'on aspire à être émergent.

Le statut de pays émergent ne se décrète pas. Il est plutôt le résultat d’une combinaison de préceptes objectifs et concrètement appliqués par un Etat en fonction de ses aspirations et des réalités qui lui sont propres.

Le profil de l’emploi de "l’incompétence".

Le Cameroun est l’un des rares pays au monde dans lequel le taux de sous-emploi se situe entre 70 et 80%. Ce qui voudrait dire que sur dix personnes qui ont un emploi au Cameroun, au moins sept exercent dans une fonction inadéquate à leurs qualifications. Sur environ 300 ministres que le Cameroun aura connu depuis 1982, les trois quarts sont des produits issus de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM). Or les fonctionnaires issus des cette école ne sont pas formés pour apporter des réformes particulières au développement mais pour maintenir et préserver les acquis. Ainsi, l’inspecteur des impôts ne raisonnera de manière efficiente qu’avec pour référence son code des impôts. L’administrateur civil ne se sentira indubitablement à l’aise que dans le maintien de l’ordre public. Et enfin, il est une certitude mathématique que le contrôleur des douanes n’excellera nullement dans la santé publique.

Un fonctionnaire ayant suivi un Cycle A des Divisions Administratives et des Régies Financières (DARF A) à l’ENAM ne saurait penser une réforme de l’éducation ou de l’agriculture parce que ce n’est pas son domaine de compétence. Logiquement, personne ne confirait son dossier judiciaire à un plombier en lieu et place d’une personne exerçant dans l’avocature. On ne laisse pas une armée entre les mains d’un caporal au détriment d’une personne faisant partie du généralat. Plus rationnellement encore, il serait inconcevable de faire piloter un avion de ligne par un chirurgien dentiste de formation. Il se pose dès lors un problème somatique de compétence. C’est d’ailleurs à juste titre que nous comptons une nouvelle caste de fonctionnaires aigrefins.

En effet le charlatan est celui là qui exerce dans un domaine qu’il ne maîtrise pas parce qu’il n’a pas reçu la formation adéquate. Ce n’est donc pas le fait du hasard si politiquement parlant S.E Paul Biya est le meilleur politologue par rapport à l’ensemble des politiciens et autres présidents de partis politiques camerounais. Quoi de plus normal, étant donné qu’il a étudié les sciences politiques ? Nous nous en tiendrons à cette observation, le cadre de la fonction rentrant dans un tout autre débat…


La chaine des valeurs bouleversée : copie sur les mentalités à revoir.

Au Cameroun, il est de plus en plus loisible de se voir servir bétis versus bamiléké, anglophones en opposition aux francophones, nordistes en comparaison au sudistes… à toutes les sauces. Ce qui est un phénomène très grave pour les fils d’une même terre dont les alter ego peinent à aligner trois repas journaliers et n'ont pas forcément accès à l'électricité ou à l'eau potable et encore moins aux soins de santé. On s’entend dire : « le bafoussam est fourbe, le dschang est sale, le bagangté est fainéant, l'eton est fou, le bulu est voleur ou l'ewondo est un ivrogne ». Il n’y a qu’à continuer sur cette lancée pour que d’ici 50 ans tout au plus les asiatiques aient exploité le peu de ressources que les caucasiens n’auront pas pu nous spolier. Car pendant que chacun épie, guette son voisin et affûte ses armes dans l'attente du jour du "génocide", les autres peuples travaillent avec acharnement dans l'intérêt non pas de leur tribu (cette notion n'a de sens que chez nous) mais de leur pays. D’ici peu nous aurons avançé d'un cran vers le haut pour imiter David Ben Gourion ancien premier ministre israélien et l'un des pères fondateurs de l'Etat Hébreu qui entretenait une animosité très vigoureuse avec le député Menahem Begin futur premier ministre comme lui au point qu'à la Knesset (ndlr : parlement israélien) refusant de prononcer le nom de ce dernier il était obligé pour parler de lui ou pour l'interpeller de dire: "le député qui est assis à coté de monsieur untel". Remplaçant "à coté" de temps en temps par "à gauche, à droite, devant ou derrière monsieur untel"

Le Pr Jean Mfoulou disait à ce propos que les trois mentalités réfractaires au développement sont d’ordre magique (les africains basent toute leur existence sur les phénomènes mistico-magiques), tribal et colonial (nous voulons tout copier du blanc sans séparer le bon grain de l’ivraie).

Le président de l’USADEC aux Etats-Unis, Théophile Abéga Moussa, dans un de ses écrits avait de ce fait suggéré que pour un pays émergent, il faudrait adopter une mentalité émergente. Pour l'ancien professeur au lycée technique de Yaoundé, il semble important d’interpeler la responsabilité individuelle et collective des camerounais à souscrire au pari du développement et de l’émergence. Les Camerounais dans leur ensemble ne doivent pas qu'être des spectateurs mais des acteurs chacun à leur niveau.

Ce qui pourrait être fait.

Dans l’immédiateté, Il faudrait repenser la politique générale, dans tous les domaines, au Cameroun : pour une « image » à la camerounaise. Il faudrait adopter la posture qui voudrait qu’avant de mettre sur pied et appliquer les grandes théories économiques, les grandes réformes de l’Etat, les grands chantiers sociaux,… bref avant le moindre développement économique, social et technologique, il importe d’opérer une révolution civique, morale et culturelle. La révolution de l’état d’esprit, du rapport que le camerounais entretient avec son semblable et son histoire. Le travail à perpétrer, on le voit, est plus abstrait qu’infrastructurel, plus « transcendant » que technologique ou économique.

           En outre alléguer un système éducatif peu adapté aux réalités de la population et hérité du système colonial. L’éducation au Cameroun semble être calquée sur le modèle occidental, ne répondant pas aux besoins locaux de développement et d’intégration. Pendant plusieurs décennies, l’enseignement technique au Cameroun aura été considéré comme étant le dernier recours des apprenants étant les moins intelligents ou tout simplement le lieu par excellence de "ceux qui ne veulent pas faire l’école" comme on dit chez nous. L'enseignement général représentait alors la formation des futurs fonctionnaires et élites de l'administration camerounaise. La ruée vers les concours d’Etat étant de l’heure, la compétition des corps et des esprits devient impitoyable. Tout le monde veut devenir fonctionnaire et milliardaire. Or le fonctionnaire ne génère aucune richesse, et pour devenir émergent il faut créer des richesses.

L’administration ne pouvant recruter tout le monde, la grande majorité des candidats malheureux se retrouvent comme des chômeurs, entraînant inéluctablement la fuite, pour ceux qui parviennent à trouver les moyens par des voies plus ou moins obscures, vers des pays où ils peuvent mieux réaliser leurs rêves. Et pourtant s'il avait exister un baccalauréat en techniques agricoles (par exemple), un petit lopin au village ou partout ailleurs aurait pu devenir pour un de ces jeunes une plantation produisant des denrées qui concourraient à l'autosuffisance alimentaire. Ce qui aurait le mérite de constituer d'une manière certaine un pas, même petit, vers l'émergence à laquelle nous aspirons.

Il nous reste très peu de temps si nous voulons être à bord du train qui nous conduira vers l’émergence. Car 2035 c’est déjà dans moins d’un quart de siècle, seulement…

Article V. MFEGUE.

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M
<br /> <br /> Je pense que le Cameroun, à travers la mise en place de ses différents projets<br /> structurants, de la prise en main de son économique, réussira son pari d’être pays émergent en 2035. Il y a de la ressource et de la matière pour y atteindre le président de la République et son<br /> gouvernement met tout en œuvre pour que ce soit le cas.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Nous pensons egalement que le Cameroun a les ressources humaines, financieres pour le faire, mais a la seule condition: Quitter la zone franc. Sinon c'est de l'utopie. Et tout le reste de la<br /> parlotte.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Douter un seul instant que le Cameroun n’entrera pas dans l’émergence en 2035 est<br /> méconnaitre nos capacités et ressources. A voir l’entrain présidentiel dans le but de redynamiser toutes nos structures parties prenantes qui doivent converger vers l’émergence. Il ne fait aucun<br /> doute, 2035 connaitra l’émergence du Cameroun.  <br /> <br /> <br /> <br />
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