Projet 2011-2012 de la Federation de travailleurs Africains..
FETATAF
Fédération des travailleurs d’Afrique en France
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FETAF 2011/2012 dans la trajectoire de Combat pour la dignité,
Droits, Dignité
Frantz Fanon : « Nous ne voulons rattraper personne. Mais nous voulons marcher tout le temps, en compagnie de l’Homme, de tous les hommes »
Paul Ricœur : «A l’époque du passage de la vision d’un monde fini à celle d’un monde fini qui fut aussi celui de la prise de conscience de la rotondité de la terre »
L’année 2010 nous a valu beaucoup de mesures et autres déclarations anti-immigrés en général et Africain notamment. La vigilance la plus absolue nous incombe. Il nous faut continuer à anticiper et à décrypter les messages politiques qui vont, encore fuser de toutes parts. Des acteurs politiques, soit à ciel ouvert, soit honteusement par décrets ou mesures législatives sous le sceau de la légitimité et de la souveraineté vont continuer à faire du phénomène migratoire surtout Africain - un véritable « fonds de commerce ».
Le symbole récurrent du « bouc-émissaire » est encore présent. Mais une telle récurrence des effets nauséabonds de telle ou telle société,
confrontée aux effets dévastateurs d’une politique néolibérale -politique qui ne cesse de creuser l’écart entre les possédants et les démunis - est réducteur, si l’on s’en tient au seul aspect sociétal.
En effet, pour nous à la FETAF, à cette réalité duale des sociétés d’accueil - possédants/démunis- s’ajoutent les rapports inégalitaires NORD-SUD, voire néocoloniaux.
Le regard projeté sur l’immigré Africain est entaché du complexe intériorisé dominants/dominés. Le philosophe Régis Debray ne dit-il pas en substance (voir « loués soient les seigneurs ») qu’on ne jette pas le même regard sur l’immigré issu du « tiers-monde » que sur l’immigré venu, par exemple, des USA ?
Evidemment, notre conviction est que tout cela peut changer et doit changer. Et c’est ici que la vigilance est de mise pour défendre les intérêts matériels et moraux de nos mandants.
Mais déjà, à l’aune du combat engagé ici, et à mesure qu’apparaisse lentement une nouvelle donne dans les pays Africains – longtemps assujettis aux anciennes puissances tutélaires-, la présence Africaine s’affirme et se montre, par endroits, conquérante pour combattre les préjugés.
Il émerge, petit à petit, une société multidimensionnelle, dynamique, diversifiée dans les sociétés d’accueil des immigrés, et cela au grand dam des oiseaux de mauvais augure. Il reste seulement à souhaiter que ne surgisse, à la faveur des enjeux électoraux, une volonté de diaboliser l’intrus : l’immigré.
Seule une certaine cécité politique peut expliquer la non prise en compte d’un phénomène devenu mondial ; phénomène, qui va, de plus en plus, constituer un volant important de toute diplomatie contemporaine et moderne.
La réalité c’est que le monde bipolaire a cédé, par ailleurs, du terrain à la suite des coups de boutoirs des pays dits émergents et de bon nombre de pays solidaires de leurs peuples.
En ce qui nous concernes, immigrés africains, nous voyons s’instaurer un certain nationalisme diasporique de bon aloi ; sous-tendu qu’il est par un idéal panafricain. On peut affirmer, dès lors, que tous ces paramètres contribuent à affaiblir l’hégémonie politique, économique, voire culturel de tous gouvernement qui veut gommer toute la contribution que l’immigration Africaine d’hier (1) et d’aujourd’hui dans la défense de la France (1914-1918, 1939-1945) et à son développement.
Avec la création d’un Ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale, le gouvernement Français actuel est allé jusqu’au bout de sa vision idéologique en matière d’immigration : l’ennemi intérieur est une menace pour la préservation de l’identité française.
Evidemment, il s’agit là de la confirmation de l’idée émise depuis 1990 de la nécessité pour la France de prendre garde. Car, comme le disait le Ministre de l’intérieur de l’époque (1990) « La France a une véritable crise d’identité nationale sous la pression de l’immigration et de l’intégrisme ».
Ici, le lien est on ne peut plus explicite entre immigration et intégrisme musulman.
Dans le contexte mondial actuel - avec la surdétermination qui résulte des actes barbares, inhumains perpétués, à grande échelle, sous le prétexte fallacieux de la défense de l’Islam -, la phobie de l’Islam grandit comme en témoignent les récents sondages en France à propos de l’impact de cette religion dans les sociétés d’Europe.
Avec cette nouvelle stratégie d’attaques ciblées contre telle ou telle catégorie de la DIASPORA AFRICAINE en France et/ou en Europe, la FETAF veille au grain pour maintenir l’unité, et donner une riposte collective de toutes les composantes de la Diaspora, aux tentatives de diabolisation.
Notre histoire et les épreuves nous ont vaccines contre les manipulations : hier avec la mosaïque de décrets relatifs aux ressortissants des pays Africains dits du « pré-carre », n’avait-on pas tente de faire le distinguo entre immigre dit sahélien et immigre de l’Afrique dite utile ?
L’on sait ce qu’il en est aujourd’hui. La diversion n’a pas duré, nous voilà tous logés à la même enseigne et subissons la logique implacable des pays leaders de la communauté internationale
Quel est l’antidote pour la Diaspora Africaine consciente ?
Le paradigme de la Renaissance Africaine, voilà le nouveau moteur qui augure bien d’une « initiative Africaine » que les migrants Africains ont intérêt à prendre à bras le corps pour mieux contribuer au développement de leurs pays d’origine et continuer à assumer une bonne intégration dans leurs pays d’accueil.
Sans verser dans des comptes d’apothicaire, il est établi que le pays d’accueil a jusqu’ici, mieux bénéficié de l’immigration que ne l’a fait le pays de départ. Et cela en dépit des sommes colossales – sommes qui dépassent le plus souvent le montant de l’aide publique au développement – que les immigrés africains envoient dans leurs pays d’origine.
Il ressort de tout cela la constatation suivante : l’immigré africain, comme tous les autres immigrés, est un agent de développement, un facteur positif d’échange culturel.
Toute cette réalité vient invalider le concept du « choc des civilisations de Huntington dont la vision manichéenne de la lutte du bien contre le mal de Bush a fini de montrer le caractère dangereux».
Si on doit à partir de telles visions du monde, définir des politiques en matière d’immigration, on aboutirait à une impasse, à des situations de crispation et de méfiance. Toute chose contraire au mot d’ordre du « vivre ensemble » d’un monde globalisé.
En ce qui concerne le gouvernement Français par exemple, la FETAF a toujours condamné et continue à condamner la politique du «tri » qu’incarne le concept d’«immigration subie et non choisie » - Cela participe d’une volonté de stigmatisation et d’adoption de lois discriminatoires, voire répressives –
Le colloque (1990), organisé à l’UNESCO, a déjà abordé la problématique d’une immigration de seconde zone dans une Europe où les droits ne seraient plus les mêmes si on est immigré issu d’un pays membre de l’UE ou si on vient d’un pays tiers.
Une Europe forteresse est-elle compatible avec le discours ambiant relatif aux exigences de la mondialisation et surtout aux dures lois de la globalisation ? C’est ici, le lieu de dénoncer le fantasme d’une Europe assiégé menacé d’invasions massives par des jeunes africains. La réalité est tout autre les chiffres à ce sujet, parle d’eux-mêmes : l’immigration interafricaine dépasse de loin l’émigration vers l’Europe.
Les jeunes africains dans leurs grandes majorités ne fuient pas l’Afrique. Ici aussi les faits en attestent. Peuplée de presque un milliard d’individus, l’Afrique a la population la plus jeune du Monde : environ 50% à 60% à entre 20 et 30 ans.
L’Europe envahit par les jeunes africains se verrait submergé par une masse critique d’au moins 400 à 500 millions de personnes. Cela ne nous empêche nullement le caractère débridé d’une immigration africaine avec son cortège de drames de catastrophes et d’humiliations. Tout cela est contraire aux dispositifs de la Charte Universelle des Droits de l’Homme. Sous ce rapport on ne peut que dénoncer la frilosité des gouvernements européens à régulariser des travailleurs immigrés africains « sans-papiers ». « Sans-papiers », certes, mais qui cotisent, payent leurs impôts et contribuent ainsi au développement des pays d’accueil.
La Fetaf exprime, ici, toute sa solidarité à ce segment important de l’immigration en France et en Europe.
Peut-on gommer du calendrier du G20-sorte de succédané d’un hypothétique gouvernement mondial – la question de l’immigration ?
Notre réponse à la FETAF, est non.
Notre prochain congrès s’y penchera.
Le thème retenu – que nous reproduisons ci-dessous en témoigne.
Thème : Evaluation du phénomène migratoire africain en France et en Europe : Etat des lieux et perspectives
Sous thèmes :
1) Réévaluation et réorientation du transfert d’argent du migrant africain vers des programmes de recherche/développement dans les pays d’origine.
2) Rôle des jeunes issus de l’immigration.
3) Femmes et développement.
4) Rôle de la FETAF et des membres dans le renforcement de la Confédération Générale des Partis politiques africains (COGEPPA)/Objectif la création des Etats-Unis d’Afrique.
Telles sont donc les grandes lignes de la trajectoire/FETAF de la période 2011-2011 – La FETAF entend continuer à jouer son rôle en tant que membre de la Diaspora africaine, érigée en une sixième région du continent sous le seau de la défense des intérêts matérielles et moraux des travailleurs immigrés africains.
Sous ce rapport, du reste, l’organisation de l’Unité syndicale africaine, OUSA (plus de 28 millions de membres), dont la FETAF est l’agence spécialisée en France et en Europe, va continuer à nous assurer son soutien politique.
Bonne route pour la période 2011-2012. Et loin de nous toute idée de vouer au gémonies la France et l’Europe notre terre d’élection.
(1) soldats africains enrôler et envoyer au front sur les différentes zones d’opérations militaires de France et d’Europe.
Sidi Tidiane Gueye
Président de la FETAF