Mali : les deux Français enlevés ne sont pas des géologues.
Mali : les deux Français enlevés ne sont pas des géologues.
Les deux Français enlevés au Mali, dans la nuit de mercredi à jeudi, ne sont pas des géologues, comme
cela avait été annoncé dans un premier temps. Révèlées par l'hotel où ils étaient descendus à Hombori (nord-est du Mali), leurs identités ne laissent guère de doutes sur leur profil : il s'agit
de Serge Lazarevic et de Philippe Verdon. Des "mercenaires", selon un proche des milieux de la sécurité. "S'ils sont devenus géologues, c'est qu'ils ont suivi une formation
ultra-rapide" ironise un autre. "Des troisièmes couteaux" conclue un troisième.
Actualisé : selon une nouvlle source, Philippe Verdon, sans être géologue, est actif dans le domaine minier. Il a notamment travaillé pour une mine d'or en Bolivie (La Sperenza)
et était interessé par la qualité du ciment malien.
Ces deux hommes sont bien connus des milieux du renseignement. Le premier, Serge (Slobodan) Lazarevic a été impliqué, durant les années 90, dans un reseau en Serbie, baptisée "Araignée". Il
aurait alors été en contact avec la DST (aujourd'hui DCRI). Lazarevic a également été impliqué dans le recrutement de mercenaires yougoslaves pour le président zairois Mobutu. Pour sa part, le
nom de Verdon a été cité lors d'une tentative de coup d'Etat aux Comores, en 2003.
D'après nos sources, une chose semble assurée : les deux hommes n'étaient pas en mission pour le compte de la DGSE. Les services français ont appris leur présence au Mali à la suite de leur
enlèvement. On en ignore toujours le motif : crapuleux ou terroriste. Lazarevic et Verdon, qui venaient d'arriver à Hombori, sembleraient avoir été recrutés pour assurer la sécurité d'une
cimenterie.
Quelques heures avant leur enlèvement, on apprenait qu'un Français avait été blessé par balles dans le nord du Mali. Dans ce cas, en revanche, il s'agit bien de l'un des négociateurs français
présents sur place pour tenter d'obtenir la libération des quatre otages d'Arlit (Niger) détenus par AQMI depuis septembre 2010. Blessé à l'épaule, l'homme - un ancien militaire - a été évacué
vers la France où il est soigné dans un hopital de la région parisienne. Selon une source bien informée, il aurait été blessé alors que son chauffeur tentait de forcer un barrage sur la route,
afin d'échapper à ce qu'il pensait être des bandits. Manque de chance : il s'agissait de vrais policiers maliens qui ont ouvert le feu...
Au lendemain de l'enlèvement des deux "géologues", des militaires français ont été déployés dans le secteur, où ils opèrent avec l'armée malienne. L'état-major, qui observe la plus grande
discretion sur ce sujet, n'a pas donné de précision, notamment sur leur nombre et leurs moyens. Il s'agit, pour partie, d'hommes du COS présents au Sahel au titre de la formation des
armées nationales et à titre de dissuasion. "L'armée française n'allait pas rester les bras croisés..." affirme une source militaire.
Preuve, si besoin était, de la dangerosité de cette région : trois autres Européens (dont la nationalité n'a pas été précisée par les sources sécuritaires maliennes ) ont été enlevés et un
autre tué ce vendredi à Tombouctou (Nord du Mali).
Jean-Dominique Merchet
Source : marianne2.fr