Hold up à la Banque des états de l’Afric centrale Pourqui ?
30 MILLIONS D'eUROS DETOURNES A LA BANQUE DES ETATS DE L'AFRIQUE CENTRALE PAR DES AFRICAINS POUR LE COMPTE DES PARTIS POLITIQUES FRANCAIS SELON LE CANARD ENCHAINE DU MERCREDI 5 JANVIER 2011.
Détournements à la Beac : Les présumés responsables sont connus |
Une dizaine de hauts cadres de la banque centrale figure sur
la liste établie par un comité d'audit.
Les révélations faites dans l'enquête exclusive publiée hier, lundi 14 septembre, par l'hebdomadaire Jeune Afrique et dont quelques éléments ont été repris, au même moment, dans ces mêmes
colonnes éclaboussent plusieurs hauts responsables de la Banque centrale des Etats de la Cemac. Pour arriver au détournement total estimé à plus de 19 milliards de francs Cfa au niveau du Bureau
extérieur de Paris (Bep), c'est un vrai réseau qui aurait fonctionné.
Car, les forfaits étaient pourtant connus de tous, depuis quelques années. Et les
cercles dirigeants, bien au courant de ce scandale, ont observé un mutisme complice. Le journal soutient par exemple que "dès avril 2004, une mission d'enquête interne dénonçait les insuffisances
et les dysfonctionnements inquiétants du Bureau extérieur de Paris, sans que son rapport remis au gouverneur de l'époque, le Gabonais Jean Félix Mamalépot, ne soit suivi d'effets".
Après une plainte qui a finalement été déposée contre X à la brigade des fraudes de la préfecture de Paris, via le cabinet d'avocats français Feneon spécialisé dans les contentieux, le
recouvrement et les procédures en Afrique par le successeur de Mamalépot, le conseil d'administration de la Beac réuni à Bata en Guinée Equatoriale se saisit enfin du dossier, sous la pression,
apprend-on, du président de Guinée Equatoriale, Obiang Nguema. Le rapport du comité d'audit, présidé par le Directeur du Budget de Guinée Equatoriale, Miguel Egonga Obiang, et composé de sept
membres, est accablant et précis sur les responsabilités des uns et des autres.
A la tête de ce réseau, on cite Armand Brice Ndzamba. Comptable du bureau extérieur de Paris, ce Gabonais de 43 ans est présenté comme " l'homme clé de l'affaire" (Voir article ci-dessous). Le
Camerounais Roger Kemadjou purge actuellement, quant à lui, une suspension. Délégué du gouverneur entre 1998 et 2008, puis directeur adjoint aux relations internationales de la Beac à Yaoundé, ce
cadre, jure t-il, n'était " au courant de rien ". Selon les missions d'enquête, Roger Kemadjou aurait bénéficié de quelques chèques et virements frauduleux pour un montant de 14.000 euros, soit
environ 10 millions de francs Cfa. Ce qu'il ne reconnaît cependant pas, selon le rapport d'enquête de la Beac.
Approvisionements massifs
L'adjoint de Kemadjou, le Centrafricain Gaston Sembo-Backonly aurait quant à lui bénéficié de chèques frauduleux pour un montant de 139.000 euros (environ 92 millions de francs Cfa). En termes de
plaidoirie, ce cadre qui vit dans la région parisienne parle de " machination ". Il " implore la compréhension " du conseil de discipline. La filière gabonaise se poursuit avec Maurice Moutsinga.
Directeur de la comptabilité et du contrôle budgétaire au siège de la Beac à Yaoundé de 2000 à décembre 2007 et en retraite depuis, la commission d'enquête le considère "comme professionnellement
responsable des fausses informations comptables entretenues dans les comptes de la banque sur la période en revue ", ainsi que " des opérations de régularisation tendancieuses offrant à M.
Ndzamba l'occasion de valider ces irrégularités ". Sur le plan personnel, il aurait bénéficié de chèques frauduleux pour un montant minimal de 54.000 euros (soit 36 millions de francs Cfa).
S'il ne s'est pas personnellement enrichi, le Tchadien Gata Ngoulou a toute fois été cité dans les rapports. Secrétaire général de la Beac de 1998 à 2008, l'actuel ministre tchadien des Finances
et du Budget est accusé de ne s'être pas beaucoup intéressé aux "approvisionnements massifs et sans commune mesure avec les besoins réels du Bep ". Il aurait par ailleurs passé directement des
commandes aux sociétés Ruby Export et Smartrade Company alors qu'il n'était pas sans savoir l'identité de leur générant, Armand Ndzamba.
Le Congolais Rigobert Roger Andely, ancien ministre des Finances et vice gouverneur de la Beac depuis 2005 partage, selon le rapport qui ne donne aucun montant de détournement en sa faveur, " les
mêmes responsabilités que le gouverneur ". Il figure donc aux côtés de Mamalépot et Andzembe sur la liste des personnalités qui devront être interrogées par le comité d'audit. Quant aux deux
gouverneurs, il reste sur la sellette. Jean Félix Mamalépot n'aurait rien profité des détournements, mais il aurait été aveugle et sans doute obéissant. Quant à Philibert Andzembe, il aurait fait
preuve de légèreté. L'un des inspecteurs membres des missions d'enquêtes, le Tchadien Jacob Bertmendara, évoque les blocages et les obstructions émanant selon lui du gouverneur de la banque afin
de limiter le champ de ses investigations.
Lazare Kolyang
Les gens
Armand Brice Ndzamba
Le Sicilien de la filière gabonaise
Présenté comme le cerveau du gang, ce cadre de la Beac a bénéficié de la stature de certains de ses compatriotes au sein de la banque.
Pendant 15 ans, c'est-à-dire entre février 1994 et début 2009, ce ressortissant gabonais a assumé les fonctions de comptable du bureau extérieur de la Beac à Paris (Bep). Mais en mai dernier,
lorsque les premières informations sur le scandale du Bep se font jour, il quitte discrètement Paris pour s'installer au Gabon, son pays natal, où il se sent certainement plus en sécurité. Mais,
celui que l'enquête de Jeune Afrique présente comme étant "très proche d'Ali Bongo" a pris soin de disparaître avec les preuves : le disque dur de son ordinateur est aujourd'hui introuvable,
alors que Armand Brice Ndzamba, "homme clé de l'affaire et considéré comme un intouchable" était "seul à maîtriser la comptabilité et le logiciel comptable du Bep".
Selon JA, les différents rapports sur cette affaire "l'accusent d'avoir émis près de 300 chèques frauduleux à la signature contrefaite entre 2004 et 2008 à partir du compte Bep de la société
générale, pour un montant global d'un peu plus de 6 millions d'euros (près de 4 milliards de Fcfa). Ces chèques étaient libellés à son nom propre, à celui de son épouse" de nationalité
française.
Des accusations auxquelles Armand Brice Ndzamba ou alors quelqu'un qui s'est fait
passer pour lui, ne supportant plus les noms d'oiseaux dont il est affublé dans le journal des lecteurs du site internet Cameroon Online, a réagi en ces termes : "Bonjour chère internaute ! Je
suis effectivement au Gabon actuellement. Mais, croyez moi, je ne suis pas un voleur comme vous l'écrivez depuis. Et si la Beac dit le contraire, je souhaite qu'elle porte plainte contre moi et
la vérité sortira (…) Monsieur le Gouverneur, je peux comprendre que vous êtes embarrassé devant tout cela. Mais rassurez-vous que vous avez encore quelques personnes au poste de directeurs
centraux, qui sont aussi impliqués dans les détournements de Paris (…)".
Même si cette réaction copiée sur internet peut ne pas être celle du concerné, le niveau de langue utilisé, lequel a été corrigé dans l'extrait ci-dessus ne reflétant pas le niveau intellectuel
d'un haut cadre de la Beac ; elle remet cependant au goût du jour le niveau des complicités dans cette affaire, lesquelles ont découlé, comme le précise un des rapports d'audit interne cité par
le journal de Béchir Ben Yamed, "des affinités nationales, [qui] ont joué un rôle dans les dérives constatées au Bep. Le gouverneur, le directeur de la comptabilité, le directeur adjoint de la
comptabilité, le comptable du bureau extérieur avaient la même nationalité : gabonaise".
Mais en attendant le dénouement de cette affaire qui pourrait survenir en novembre au terme d'un sommet des chefs d'Etat de la Cemac annoncé cette fois-ci à Bangui, en Centrafirique, Armand Brice
Ndzamba, 43 ans, qui est assujetti au payement de l'impôt sur la fortune en France par rapport à son immense richesse (il est le gérant de plusieurs sociétés en France, alors que les statuts de
la Beac interdisent aux employés d'effectuer d'autres activités lucratives) se la coule douce au Gabon, où il est propriétaire d'un patrimoine immobilier de plus de 1,4 milliard de Fcfa, révèle
l'enquête de Jeune Afrique.
Autant d'avoirs et d'activités à la fois non réglementaires (au regard des statuts de la Beac) et suspects (son salaire mensuel est de 3000 euros, soit environ 2 millions de Fcfa) qui n'ont pas
empêché que la Banque de développement des Etats de l'Afrique centrale (Bdeac), dirigée par Anicet Georges Dologuélé, un Centrafricain qui a lui aussi dirigé le Bep, accorde un crédit de 1,5
milliard de Fcfa à Armand Brice Ndzamba et son épouse, pour le lancement d'une société immobilière à Libreville dénommée "Les Nénuphars". Avec pour partenaire d'affaires un certain Maurice
Moutsinga, directeur de la comptabilité à la Beac mis à la retraite depuis 2008, et dont l'implication dans le scandale du Bep n'est pas démentie.
Brice R. Mbodiam
Pays:cameroun
Auteur: Brice R. Mbodiam
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