Guerre au Mali : Des raisons qui amènent le Pentagone à se tenir en retrait de l’opération « Serval »
Guerre au Mali : Des raisons qui amènent le Pentagone à se tenir en retrait de l’opération « Serval »
Le programme anti-terroriste le plus ambitieux des Etats-Unis dans la région du Sahel s’est soldé par un échec cuisant au Mali. Et avec le lancement de l’opération « Serval », cet
échec revient au devant de la scène.
Selon le journal «New York Time», pendant plusieurs années,Washington a financé et formé l’armée malienne qui était jusque-là considérée comme la plus à même de résister fermement à
la menace islamiste. Depuis le vendredi 11 janvier (début des hostilités), les Etats Unis suivent de très près l’intervention militaire française au Mali. Sans y participer directement, les
forces américaines apportent leur soutien en termes de renseignements, de logistiques et de ravitaillement en matériels volants. Une aide qui s’avère importante dans la mesure où les Etats-Unis
connaissent bien la zone sahélienne. Les autorités maliennes ont non seulement perdu le contrôle des régions du Nord au profit des rebelles, mais aussi les unités entraînées par les forces
américaines ont été les premières à faire défection en abandonnant leurs armes entre les mains de l’ennemi et cela, à un moment crucial où elles ne devaient pas fuir la bataille.
Auparavant, lors de la démarcation des zones menacées par le terrorisme, le Pentagone a dépensé entre 520 et 600 millions de dollars (depuis quatre ans) pour aider les gouvernements d’une région
allant du Maroc au Nigeria. Mais c’est au Mali que les Américains ont concentré le plus de ressources, précise « New York Time ». Mais en vain.
Par ailleurs, le Capitaine Sanogo, qui avait bénéficié de l’entraînement américain, avait renversé ATT sans que Washington ait vu venir le coup. Ce qui a accéléré les choses, c’est l’afflux
d’islamistes dans le Nord du pays en provenance de la Libye d’où ils étaient revenus armés et aguerris. Ils s’allient alors temporairement aux Touaregs du Nord pour mettre
l’armée malienne en déroute. « Considérées comme le meilleur espoir pour repousser une telle offensive, ces mêmes unités entraînées par les Américains se sont au contraire révélées comme
l’élément central de leur défaite », souligne le journal en notant que la plupart de ces unités étaient commandées par des Touaregs. Par ailleurs, de nombreux responsables interrogés par le
journal américain regrettent que les Etats-Unis se soient reposés sur des éléments touaregs alors que ce peuple malien se bat depuis des décennies contre la rébellion du Nord. « Le
quasi-effondrement de l’armée malienne, notamment des unités entraînées par les Etats-Unis, suivi d’un coup d’Etat mené par un officier entraîné par les Américains, a stupéfié et embarrassé les
leaders militaires américains », constate enfin le journal. Mis à mal par cet échec, le Pentagone se tient donc en retrait de l’opération « Serval » au Mali.
Jean Pierre James
SOURCE: Le Combat