Défi de reconstruction sociale ou de spoliation oligarchique ?...
Défi de reconstruction sociale ou de spoliation oligarchique ?...
Nombre de jours en captivité : 1
Face à toute problématique, il convient de poser les bonnes questions, afin de trouver les bonnes réponses qui conduisent aux vraies solutions n’est-ce pas ?...
L’installation spectaculaire du nouveau régime par l’intervention militaire de la France, suite à un contentieux électoral opposant le résultat de la cour constitutionnelle (juridiction suprême, symbole de la souveraineté du peuple) à celui d’une communauté internationale vouée au maintien du pacte colonial et favorable au nouveau président, dessine clairement les motivations du pouvoir mis en place. Si les motivations de ce pouvoir sont d’assurer à la France le contrôle des ressources stratégiques et agricoles du pays, ce scénario d’interventionnisme post-électoral inédit, incluant la tragédie d’un peuple absolument rompu au pacte néocolonial, traduit toute la complexité de la crise ivoirienne.
Le nombre de prisonniers politiques de morts et de réfugiés comptés par milliers, traduisant le drame d’un peuple considérablement formé aux idéaux souverainistes du président déchu, emprisonné et en attente des instances de la cour pénale internationale, fait de la question de la réconciliation une problématique assez lourde, voire impossible de résolution dans de conditions défavorables. Par conséquent, cette impasse perceptible dans le processus de réconciliation, fait de la question de la justice, le point névralgique de la situation actuelle de la crise. Une crise qui, submergée par la désinformation, se refuse toujours de dire son nom, afin de dissimuler les besoins de crimes inassouvis et permanents du régime en place, face à son grand défi de spoliation néocoloniale.
L’absence d’une réelle volonté de réparation, dans une recherche sincère du pardon, mêlé à la désinformation machiavélique qui garantit l’impunité et traduit toute l’arrogance face à la tragédie d’un peuple meurtri au plus profond de son âme, l’impunité même de cette tragédie permanent, fausse littéralement les bases de la question de la justice liée à la réconciliation.
Dans ce triste constat du degré de perversion des mécanismes de l’ordre social : justice, système médiatique, principes démocratiques etc… Il n’est absolument pas erroné de pointer la confusion qui règne dans la conscience collective, quant aux questions de savoir qui doit réparer quoi ? qui doit se faire pardonner par qui ? qui doit être jugé de quoi et par qui ?... Aussi cruciales qu’elles puissent être, ces interrogations empreintes d’exigences de vérité et de justice, planent malheureusement dans la vacuité intellectuelle d’une opinion internationale littéralement aliénée par la désinformation.
Si nous partons de l’évidence que la crise ivoirienne s’inscrit dans la logique d’une guerre néocoloniale et que les milliers de morts et de sinistrés ne sont que des victimes directes ou indirectes de l’interventionnisme français, il n’y aurait-il pas là lieu avant tout de soumettre les exigences de la réparation et du pardon à l’Etat français, voire même toute la nation française ?
Bien sûre, nous sommes tous bien loin de nous imaginez un seul instant que la France, comme un individu dans un quelconque élan humaniste, se défasse de ses ambitions néocoloniales pour se prêter au jeu de la réparation et du pardon, imprégnée Ô Bonté Divine de sa bonne foi… Et si cela devrait être le cas, n’est-ce pas qu’elle profiterait de sa démarche repentante pour reconnaître aussi ses crimes de Novembre 2004 à l’hôtel Ivoire et sur le pont Général De Gaule, les sinistres du coup d’état de 2002 et de la répartition du pays en deux ?... Et plus loin à l’échelle continentale : le génocide rwandais, la guerre du Biafra, l’assassinat de Thomas Sankara, de Patrice Lumumba, Olympio Sylvanus, le traumatisme des populations dans les régimes dictatoriaux de la françafrique ?... Et encore plus loin : la traite négrière, les crimes liés à la lutte pour la liberté des esclaves noirs, la guerre de l’indépendance d’Haïti… Un bilan non- exhaustif de tragédies qui résument le fondement même de l’hégémonie de ce pays dit des droits de l’homme.
Malheureusement ce rêve de repentance est à des années lumières de la réalité. La France comme une chimère vampirique aux appétits voraces et insatiables a encore et encore besoin de sang. Elle doit s’y nourrir pour affirmer sa « gloire moribonde » et cracher le feu de son arrogance aux visages estampillés du sceau de la soumission. L’Afrique et ses enfants constituent la proie la plus facile et la plus fertile. Il serait plutôt idiot de s’en priver.
Quelle justice ?
Si les slogans dialogue, vérité, réconciliation sont à l’ordre du jour de la nouvelle administration ivoirienne, il est bon de savoir où se situe la justice favorable à la réparation des crimes, étape préalable à toute forme de réconciliation. Mais si la libération du président Gbagbo représente le seul moyen de rendre le dialogue social possible, alors qu’il est en attente des instances de la Cour Pénale Internationale, on pourrait se grincer les dents à se demander de quel dialogue veut parler Mr Alasane Ouattara ?... De quelle vérité, de quelle réconciliation ?...
Faute de lieu de crime sur son peuple, après d’épuisantes années de résistance à ce qui ressemble plutôt à un complot international acharné contre sa politique progressiste, l’ex-président de la République de Côte d’Ivoire attend d’être traduit en justice pour crime économique, ayant miraculeusement échappé à la mort, suite à des attaques militaires de la France « sarkoziste », en appui à des rebelles « ouattaraistes » désorganisés…
Résumé d’une situation de crise qui donne froid au dos, au vu du nouveau virage que prend le sens de la justice dans le monde. A l’heure ou j’écris ces lignes, j’apprend que le Guide libyen, le colonel Mouammar Kadhafi vient d’être renversé et sauvagement lynché par des rebelles désorganisés du Conseil National de Transition (CNT), soutenus par les forces de l’OTAN… Même scénario d’attaques légitimées par un processus de diabolisation intensive contre un régime progressiste désobéissant. A la seule différence que le miraculé président ivoirien doit maintenant faire face à une justice aux turpitudes inédites. Un système judiciaire mondial qui permet de mettre le bourreau à la place de la victime.
Komandant Simi OL
Artiste-musicien