Côte d’ivoire : Affaire de l’un des assassins du franco-canadien Guy-André Kieffer suite.
Côte d’ivoire : Affaire de l’un des assassins du franco-canadien Guy-André Kieffer suite.
Le juge français Patrick Ramaël est arrivé presque précipitamment, le lundi 2 janvier en soirée, à Abidjan pour – officiellement – poursuivre son enquête sur la disparition du journaliste
franco-canadien Guy-André Kieffer. Alors qu’il y a à peine plus d’un mois, en novembre dernier, le juge français était à Abidjan où il a pu interroger une quinzaine de personnes dans le cadre de
la disparition du franco-canadien.
Cette énième visite du juge d’instruction Ramaël laisse croire assurément qu’il y a du nouveau dans
l’affaire, à moins que le juge n’ait des envies de soleil au moment où l’hiver est rude à Paris. Les autorités politiques et judiciaires ivoiriennes, selon une source au ministère de la Justice,
ont été quasiment mises devant le fait accompli quant à cette énième arrivée du juge français sur le sol ivoirien.
Cette visite express de Patrick Ramaël sur les bords de la lagune Ebrié cacherait-elle un certain nombre d’informations à même de faire évoluer le dossier ? Au Nouveau Courrier, nous avons sur
cette affaire quelques certitudes. Premièrement, «Gorge profonde» a été mis en contact, par une figure politique ivoirienne dont nous taisons le nom pour l’instant, avec un Français
spécialiste du renseignement qui évolue depuis plus de dix ans dans les eaux saumâtres des intrigues d’Etat ivoiriennes. Contacté par nos soins, il a d’abord affirmé ne pas être au courant du
dossier qu’il a «traité», puis a par la suite essayé d’en savoir plus… sur ce que nous savons.
C’est cet homme qui a été, selon toute évidence, chargé de faire le lien entre celui qui se présente
comme un criminel repenti, l’Ambassade de France et le juge Ramaël. Est-il vraiment désireux, alors que son nom a été cité dans cette sombre affaire, de «noyer» un système Ouattara avec
lequel il collabore aujourd’hui officiellement, après des coups de main officieux ? «Gorge profonde » affirme en tout cas que les effets personnels de Kieffer, soutirés par ses ravisseurs,
ont été remis par ses soins à ce Français.
Nous savons également que «Gorge profonde » a eu un contact, dont nous ne connaissons pas la profondeur, avec le juge Ramaël, qui n’a pas souhaité communiquer sur un nouvel interlocuteur
dont le témoignage est pourtant pris au sérieux, selon plusieurs indices. Nous savons, surtout, que les «sécurocrates» du régime ont été mis au courant de l’initiative de «Gorge
profonde», par une des personnes en contact avec le dossier, et que ce dernier a subi des menaces explicites. Selon toute évidence, nous sommes en face d’une authentique affaire
d’Etat.
Par Benjamin Silué