Centrafrique : François Bozizé, lâché par ses cousins français.
Centrafrique : Le dictateur François Bozizé, lâché par ses cousins français.
Je ne sais pas jusqu’à quand les Africains vont s’entêter à la jouer en solo. Le temps passe et, têtu comme il est, il nous rappelle tous les jours combien nos dirigeants sont de mauvais redoublants et même très mauvais triplants, voire de mauvais quadruplants*.
Les faits sont têtus. Je n’invente rien. Lénine l’a dit bien avant moi. Et tous les jours, ces faits nous rappellent que les États africains qui clament chaque jour leur « indépendance » ne sont même pas capables de se défendre. Doit-on encore compter le nombre de guerres existant sur le continent ? Doit-encore comptabiliser les putschs qui ont eu lieu depuis 50 ans à Kemet ? Pourtant, malgré tous ces faits, nos dirigeants, pour la plupart, jouent à l’autruche, plongeant leurs têtes dans le Sahara, le Ténéré, le Tassili, l’erg et le Kalahari, dès que pointent les questions d’unité africaine, de mutualisation de ressources tant humaines que matérielles…
Kwamé Nkrumah avait dit à ses pairs, en son temps que Divisés nous sommes faibles, Unie, l’Afrique pourrait devenir, et pour de bon, une des plus grandes forces de ce monde. Qui avait réellement prêté attention à ces recommandations très avant-gardistes ? Pas grand monde en réalité. Les vainqueurs, membres du monde dit « libre » avaient imposé leurs volontés : il ne fallait pas toucher aux « frontières héritées de la colonisation ». C’était biblique et dogmatique. C’était gravé dans le marbre. Mais chaque année, le fantôme de Nkrumah doit rôder dans les palais présidentiels de nos excellences lorsque des coups de fusils et de canons menacent leurs pouvoirs.
Ce mois de décembre sera-t-il fatale à François Bozizé, putschiste** centrafricain qui avait troqué son treillis contre un costume civil avec cravate en 2005, année de son « élection » ? On est bien parti pour le vivre, même si les paris ne sont pas mon fort. Cet homme était arrivé aux affaires avec l’aide de la France qui n’en pouvait plus de son prédécesseur, Ange-Félix Patassé qui insupportait lui aussi ses pairs (surtout ses voisins immédiats). En près de 10 ans de pouvoir, Bozizé a passé son temps à gérer des rébellions venus du Nord de la RCA. Sans le moindre succès durable. Ce n’étaient que des paix momentanées. Comment un homme, général de surcroît, peut « diriger » son pays tout ce temps sans jamais mettre sur pieds une armée digne de ce nom, capable de venir à bout de quelques rebelles ? C’est tout simplement incroyable. L’armée centrafricaine ne dispose même pas de matériels militaires de précision pour connaître les positions rebelles à 200 ou 300 Km de Bangui ? On rêve…
Toute la lumière sera sans doute faite sur ces rebelles qui occupent peut-être aujourd’hui 80 à 90% des villes les plus importantes du pays, mais Bozizé devrait profiter de ces moments pour méditer sur certains aspects pas très reluisants de sa gestion :
- Où se trouve son fils Francis***, nommé très récemment général, par son propre père ? Faut-il rappeler qu’il est tout de même ministre de la Défense ?
- À quoi sert réellement la fameuse FOMAC (Force multinationale d’Afrique centrale) avec ses 500 hommes à Bangui ?
- Il en appelle à l’aide des Américains. Oublie-t-il que ces derniers aimeraient bien comprendre à quoi ont servi les fonds alloués par les USA pour la capture du rebelle illuminé, Joseph Kony ?
- Dans la droite ligne de Jean-Bedel Bokassa, qui appelait Charles de Gaulle « papa » et Valéry Giscard d’Estaing « cher parent », lors de son appel à l’aide aux Français, il les appelle « cousins ». Sait-il que cela en ajoute encore beaucoup plus à son ridicule, à celui de la RCA et à celui de l’Afrique ?
- À quoi cela sert-il de payer des manifestants (jeunes) en les payant quelques pièces, afin qu’ils brûlent des drapeaux français ? Les drapeaux de ses propres cousins. Cela tourne-t-il rond dans sa tête ?
- Où sont les soldats centrafricains qui avaient défilé sur les Champs Élysées le 14/07/2010 à Paris, pour fêter les cinquantenaires des « indépendances » africaines ?
Nos dirigeants se veulent têtus, mais les faits nous démontrent que les faits le sont encore plus. Que Bozizé tombe, ainsi que son régime n’a pas grande importance. Il est sûr, tout simplement qu’à cette allure, d’autres pays subiront le même sort, puisque nous continuons avec la logique suicidaire de faire cavalier seul, au lieu de nous unir et de travailler véritablement ensemble, au-delà des conférences, sommets et réunions d’opérette qui ne servent qu’à faire des photos t à dépenser l’argent difficilement gagné par nos parents.
Par Obambé GAKOSSO