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Centrafrique: Des négociations difficiles en perspective.

10 Janvier 2013 , Rédigé par afrohistorama, Toute l'histoire sans histoire

Centrafrique: Des négociations difficiles en perspective.


Alors que les protagonistes se préparent à aller aux débats, le caractère hétéroclite de la rébellion risque de compliquer la rencontre de Libreville 

 

En effet, une réunion de haut niveau présidée par le chef de l’État congolais Denis Sassou Nguesso, en sa qualité de chargé de suivi des décisions des chefs d’État sur la crise centrafricaine, pourrait se tenir à Libreville entre le 8 et le 10 janvier prochain, selon l’AFP citant une source diplomatique. Ces assisses doivent permettre aux belligérants de s’entendre afin que la paix et la concorde puissent revenir en terre centrafricaine. Au stade des préparatifs on s’interroge encore sur la qualité des personnes qui devraient s’asseoir autour de la table des discussions. D'après les propositions béninoises, il y aura des représentants de la société civile, les principaux chefs de l'opposition légale, François Bozizé et quelques personnes de son parti et évidemment les rebelles. La Ceeac, l'Union africaine et les Nations unis seront aussi présents et auront des rôles de facilitateurs. Mais tout cela c'est un peu de la mise en scène pour souligner devant la communauté régionale que les rebelles font des compromis. C'est le moment de la négociation, chacun prend position.

 


carte centrafrique1
La ville de Damara a été sécurisée contre les rebelles et les Faca

Bozizé refuse de partir mais fait des concessions
Devant l'avancée des rebelles en décembre, la ville de Bangui a été fortement renforcée par la présence militaire de différentes nations. Les pays d'Afrique centrale à travers leur Force multinationale se sont déployés à Damara, dernier verrou avant Bangui. Elle doit atteindre 760 hommes d'ici vendredi et son chef a été formel: désormais, "Bangui est sécurisée". Dans le même temps, la France a renforcé son dispositif militaire qui est passé de 250 à 600 hommes, officiellement, pour défendre les ressortissants étrangers. Devant ce dispositif, le président François Bozizé a été contraint faire des concessions et a assuré d'abord qu'il ne modifiera pas la Constitution pour briguer un troisième mandat et a également promis un gouvernement d'union nationale. Il y a quelques jours, après avoir accepté de se rendre à Libreville (le rebelles également ont accepté) il a relevé de leurs fonctions son chef d'état-major et le ministre de la Défense. Ce dernier est son propre fils, Jean-Francis que beaucoup voyaient prendre sa succession. C’est pour quoi, avant les assises dont la date n’a pas été officialisée, Bangui affirme qu’elle rejettera toutes propositions de transition politique excluant du pouvoir le président centrafricain, François Bozizé. Le porte-parole de M. Bozizé, Cyriac Gonda mentionne bien que «la question du départ du président Bozizé sera systématiquement rejetée si elle est présentée. Pour nous, la solution est de former un gouvernement d'union nationale avec tout le monde.». Cette déclaration intervient alors qu’un porte-parole du CPSK, un des mouvements du Séléka, a rappelé qu’aucun accord de paix ne serait possible sans le départ de M. Bozizé.

Quelle rébellion va négocier
Un amalgame de plusieurs rébellions réunies au sein de la Séléka ("alliance" en sango, la langue nationale) est entré en guerre larvée contre le régime à Bangui. Mille, deux mille hommes peut-être, voir quatre mille ont pris d’assaut une série de villes avec une facilité déconcertante en moins de trois semaines, pour s’arrêter à Sibut, à seulement 160 km de «Bangui la coquette», devenue «Bangui la panique». La Séléka, qui au départ réclamait l’application des accords de démobilisation, notamment des indemnisations, revoit maintenant ses ambitions à la hausse. Elle n’exclut plus de prendre la capitale, mais souhaite la chute du président François Bozizé, tout en acceptant de prendre part à des négociations. Difficile de comprendre cette attitude. «Je suis en discussion avec nos partenaires pour avancer des propositions afin de mettre fin à la crise, mais une solution pourrait être une transition politique dont le président (François Bozizé) serait exclu», a déclaré un porte-parole du Séléka, Eric Massi à Paris. Mais, «actuellement, il y a des divisions au sein du Séléka sur ce point», a déclaré Nelson Ndjadder, un responsable basé en France du CPSK, un des trois principaux mouvements qui constituent le Séléka. «Certains veulent continuer le combat, mais le CPSK est prêt à déposer ses armes et à discuter», a-t-il ajouté en précisant que, «il (Massi) ne parle pas en notre nom à tous». Au sein de cette coalition en effet où fleurissent «porte-parole» et «commandants» autoproclamés, jeudi 03 janvier, Armel Sayo, présenté par TV5 Monde comme le commandant militaire du Séléka, déclarait qu'"il est hors de question jusqu'à preuve du contraire que la Séléka puisse participer à des discussions". Pour lui, ce serait "comme si nous avions abandonné le peuple. (...) Nous ne pouvons plus reculer." Il ajoute ne pas avoir été consulté pour d'éventuelles négociations: "Si c'était le cas, nous n'accepterions jamais. Une discussion avec le gouvernement, ce serait comme un ralliement." Qui ira donc à Libreville, pour demander quoi, quand on sait que la Force multinationale d’Afrique centrale est prête à maintenir le pouvoir du président Bozizé. Lequel souhaite terminer son mandat qui court jusqu’en 2016 avec un gouvernement d’union nationale à mettre sur pieds.

Où est l’opposition centrafricaine?
La décision du Séléka d’aller à Libreville pour les négociations a été accueillie avec soulagement dans les rues de Bangui, dont la population faisait des réserves depuis plusieurs jours en prévision d'un assaut. «Ils disent qu'ils ne veulent plus attaquer Bangui et c'est une grande nouvelle pour nous. C'est mieux pour tout le monde si toutes les parties s'assoient à la table des négociations», s'est réjouie une habitante. Mais force est de constater que dans cette effervescence autour de la chute de Bangui et du régime de François Bozizé, les hommes politiques restent un peu attentistes. Pour la rebellion, l'opposition légale est l'équivalent du régime Bozizé, même si l'opposition légale est aussi convaincue que François Bozizé doit partir.

Et la société civile
La société civile qui accuse la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) de l’exclure du processus du dialogue sera finalement représentée aux négociations de Libreville. Dans un entretien, le secrétaire général adjoint de l’Observatoire centrafricain des droits de l’homme, Fulgence Zénéth, s’était dit préoccupé parce que la mission de la CEEAC venue à Bangui il y a quelques semaines n’avait rencontré que des hommes politiques et oublié la société civile. Désormais, le manquement a été rectifié. «Il y aura 22 représentants de la société à Libreville, issus des jeunes, des femmes, des syndicats, du secteur privé, des ONG de développement et des droits de l'homme, etc.", a révélé Modeste Gonda, président du Réseau des plateformes des ONG de l'Afrique centrale à Bangui. C'est une des conclusions des rencontres menées le même jour dans la capitale centrafricaine par le colonel gabonais Ben Agourou, sous-chef de la Mission de consolidation de la paix en RCA de la CEEAC, dépêchée de Libreville pour préparer ce processus qui vise la recherche d'une solution à la crise liée à l'offensive lancée le 10 décembre par la rébellion Séléka, qui cherche à renverser le pouvoir du président François Bozizé. Citant le calendrier communiqué par le colonel Agourou, M. Gonda a mentionné le 8 janvier pour l'ouverture des discussions prévues à Libreville, alors que le pouvoir et les rebelles se gardaient de confirmer cette date, car d'autres indications rapportées par des milieux diplomatiques à Bangui avancent plutôt le 10 janvier.

 

Par Lucie Nkouka

Source : Journal de Bangui 

 

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