Cameroun : Mr Paul Biya, une chose promise est une chose due. Maintenant que vous êtes de retour au pays, nous voulons le bilan de vos Ministres.
Cameroun : Mr Paul Biya, une chose promise est une chose due. Maintenant que vous êtes de retour au pays, nous voulons le bilan de vos Ministres.
Mathias Eric Nguini Owona (politologue): «C'est l'ensemble de la gouvernance régime Biya, qui doit être évaluée»
Mathias Owona Nguini
Que pensez-vous de l’évaluation attendue de la feuille de route des ministres et de la
publicité faite autour de cette affaire ?
L'idée d'évaluer les membres du gouvernement n'est pas en soi une idée particulièrement neuve, mais même si cela n'est pas originale, une telle initiative a le mérite de rentrer dans les
exigences d'un management sérieux qui requiert d'apprécier le niveau de compétence et de performance des acteurs composant une équipe (ici le gouvernement) devant mettre en œuvre avec cohérence,
consistance et pertinence, un ensemble d'activités ressortissant de la gestion gouvernementale des affaires publiques. Bien entendu, cette activité d'évaluation doit permettre de dresser un bilan
en partie double (actifs-passifs) de l'action des membres du gouvernement, action appréciée ici à partir de la fiabilité du cadrage que constitue la feuille de route ou ‘roadmap’ de chaque
département ministériel.
Avec cette approche managériale, la fonction de ministre ne perd-elle pas en crédibilité ?
Le cadre du Conseil des ministres comme instance régulière de contrôle et de suivi hebdomadaire de l'action des membres du gouvernement est le cadre le plus approprié d'évaluation de l'efficacité
mais aussi de la légitimité de ceux qui occupent ces hautes charges publiques. Malheureusement, le management gouvernant camerounais marqué par le souci d'affirmer et d'assurer l'emprise du
prince présidentiel sur la gouvernance des ministres a complètement réduit à néant cette instance de délibération mais aussi d'évaluation. Les ministres ne peuvent qu'être fragilisés par de
telles pratiques qui tendent à les réduire en simples servants du César-Président qui peut même demander au grand intendant ministériel gérant la « maison du président », de jouer au «
garde-chiourmes » en tançant les ministres pour le compte du président et en lieu et place de ce dernier posé en grand maître insondable et impénétrable de l'Etat.
Dans cette foulée, n’est-il pas urgent d’évaluer la gouvernance du Renouveau ?
En fait, dans un système étatique sérieux et moderne, l’évaluation des structures de l'exécutif ne concerne pas seulement les membres du gouvernement, elle s'étend aussi au Premier ministre et ne
peut être complète si l'action gouvernante n'est pas évaluée au niveau du président de la République lui-même. En conséquence de cela, il apparaît que c'est l'ensemble de la gouvernance du
Renouveau national, c’est-à-dire du régime Biya, qui doit être évaluée, cela devant aller bien au-delà d'une auto-évaluation gouvernementale ou même présidentielle. Ici, les autres pouvoirs
constitutionnels (le législatif et le judiciaire) doivent jouer leur rôle pour que la séparation des pouvoirs ne soit pas un vain mot. Les citoyens et la société civile sont aussi appelés à
évaluer l'action gouvernementale et présidentielle en usant du contrôle citoyen ou de l'interpellation républicaine.
Propos recueillis par Edking
Source : Cameroun info