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Cameroun des grandes réalisations : Ebolowa -750 tracteurs abandonnés dans la broussaille.

25 Janvier 2012 , Rédigé par afrohistorama, Toute l'histoire sans histoire

Cameroun des grandes réalisations : Ebolowa -750 tracteurs abandonnés dans la broussaille.

 

 

                                tracteurs.jpg

            

                  Les ouvriers mécontents les dépiècent pour trafics. Le scandale éclate près d’un an après le comice agropastoral organisé dans la capitale régionale du Sud.

De chaque côté du portail coulissant qui ouvre sur le Complexe industriel d’Ebolowa, deux portraits de Paul Biya habillent le mur de la clôture qui le protège. Deux drapeaux aux couleurs nationales qu’éclairent de nuit deux lampadaires achèvent le décor d’accueil du plus grand complexe industriel de la région du Sud.

La décision de construire ce complexe fut prise à la hâte afin d’ajouter au Comice qui s’était tenu en janvier 2011 à Ebolowa, un élément de plus. Le village Akak-Essatola retenu pour héberger le site de l’usine est à peine 1000 mètres de Ngalan, site principal du Comice.

Akak-Essatola a tout ce qu’il y a de naturel pour plaire : végétation luxuriante et totalement verte, rafraichie par une colline à l’altitude moyenne ; un terrain plat, humide et sec par endroit, est en fin de compte, propice à toutes les formes de cultures. Ce n’est pas un hasard si c’est en ces lieux que le ministère de la Recherche scientifique et de l’innovation a choisi des passerelles pour ses expériences dans la recherche scientifique. Non loin de là, commencent les deux hectares, domaine réservé à l’usine de montage des tracteurs.

Le gardien qui nous accueille et nous renseigne n’est pas particulièrement heureux : «Nous avons 3 mois d’arriérés de salaire ; certains d’entre nous ne sont pas originaires d’ici ; comment devons-nous vivre ?» S’interroge t-il avant d’ajouter : «Nos patrons (les Indiens, Ndlr) se découragent chaque jour un peu plus ; ils ont envie de partir d’ici parce que rien ne va et rien ne pointe à l’horizon qui soit encourageant», constate ce gardien visiblement à bout de patience.

Salaires
Environ 750 tracteurs de types différents montés hâtivement pour servir, pour certains aux démonstrations pendant le Comice agropastoral d’Ebolowa, sont livrés aux intempéries dans la broussaille d’Akak-Essatolo. L’herbe envahit ces engins dont certains sont conçus pour être protégés sous des hangars.

L’image est saisissante et désolante à regarder ces engins à perte de vue sans savoir ce que le lendemain leur réserve. Ils sont parqués là depuis plus d’un an. Un habitant de la ville d’Ebolowa informe : «depuis la fin du Comice, les Indiens ont sorti les tracteurs deux fois dans la ville afin de les roder, car disaient-ils, ils risquent de prendre la rouille et ne seront plus fonctionnels… Découragés certainement par le mutisme des autorités de Yaoundé qui ne rassurent personne, ces tracteurs ne sont plus sortis de leurs herbes.» Un autre phénomène inquiète les expatriés qui veillent sur le parc à tracteurs d’Akak-Essatolo : certains ouvriers mécontents de ne plus percevoir de salaires depuis 3 mois, dépiècent les engins et écoulent leur butin vers les grands centres de Yaoundé ou Douala pour servir de pièces de rechange à d’autres tracteurs.

Serions-nous en train de revivre le spectre de la Cellucam d’Edéa ? Dans cet autre cas passé il y a une vingtaine d’années, les Indiens, dans un partenariat avec le Cameroun, avaient voulu monter aux environs de cette ville un grand complexe de pâte à papier, étape qui précède la fabrication du papier industriel. Cet ambitieux programme évalué en centaines de milliards de francs Cfa et en milliers d’emplois, mourut dans les magouilles de toute nature. De centaines de gros engins sont morts avec le projet, démontés, rouillés dans la forêt de la Sanaga Maritime. Certains Camerounais, fossoyeurs de ce projet sont là, écoulant paisiblement leurs jours dans la liberté totale, sans être inquiétés le moins du monde.

L’année agricole va bientôt commencer dans les 10 régions du pays. La mise en oeuvre organisée effective de ces engins, ils seraient en train d’être acheminés dans nos campagnes afin de faire commencer la modernisation de l’agriculture camerounaise, comme le souhaite de ses voeux le chef de l’Etat. 
A défaut, ce qui se profile à, Ebolowa conduira à redouter un autre scénario après celui de la Cellucam : que ces tracteurs se retrouvent entre les mains des gros responsables du pays, qui les loueraient plus tard à ceux qui en manifesteraient le besoin.

Par Xavier Messè

Source: Mutations 

 

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