Affaire du bébé volé - Vincent Sosthène Fouda: «Si je meurs, d’autres se lèveront pour que la lumière soit faite sur cette affaire».
Affaire du bébé volé - Vincent Sosthène Fouda: «Si je meurs, d’autres se lèveront pour que la lumière soit faite sur cette affaire».
Vincent Sosthene Fouda
De passage dans la capitale économique Douala, le candidat recalé à la dernière élection présidentielle, dans une interview exclusive à la Nouvelle Expression, fait le point sur la dernière actualité sur l’affaire Vanessa Tchatchou pour laquelle il combat depuis un moment.
De passage dans la capitale économique, le candidat recalé à la dernière élection présidentielle, dans une interview exclusive à la Nouvelle Expression, fait le point sur la dernière actualité
sur l’affaire Vanessa Tchatchou pour laquelle il combat depuis un moment.
Vous avez été vendredi passé une nouvelle cible de la police à Yaoundé. Qu’est ce qui s’est passé ?
Nous avons appelé à manifester le vendredi 16 mars 2012, dans ce que nous avons appelé «opération colombe», c'est-à-dire une marche citoyenne, patriotique et humaniste devant l’hôpital
gynéco-obstétrique de Ngousso. Et aux environs de 15h, alors qu’on se déployait pour commercer la manifestation, nous avons été interpelés par les forces de police qui étaient armées jusqu’aux
dents, lesquelles nous ont brutalisés. Il y avait le Pr Alain Fogue qui est aussi président d’un parti politique, le secrétaire à la communication de l’Afp de Ben Muna, et moi-même et quelques
journalistes. Il est important de préciser que nous avons été interpelés de manière extrêmement brutale. Je dois dire que j’ai été particulièrement brutalisé parce que l’on m’a tiré par terre
alors que je n’opposais aucune résistance. Au Commissariat central, j’ai été correctement molesté, insulté. L’on me demandait de marcher comme je voulais marcher sur l’hôpital gynéco, tout en me
tapant. Ce sont des attitudes qui me surprennent pour notre police nationale, parce que l’une de ses missions ou la principale mission de la police, est une mission d’encadrement et de
protection. Nous avons plutôt rencontré les éléments de la police nationale qui étaient prêts à donner la mort et à humilier ; je le déplore.
Qu’est-ce que les policiers ont dit à votre arrivée au commissariat ?
Je suis arrivé au commissariat comme je vous ai dit, nous étions quatre dont Louis parfait Voum, chargé de la communication de l’Afp (Alliance de forces progressistes, ndlr), Okalla Ebodé qui est
du parti d’Alain Fogue, et le Pr Alain Fogue, qui en dehors d’être universitaire, donne des cours à l’école de guerre de Yaoundé. Aussitôt que j’étais descendu du car de la police, j’étais roué
des coups. A la fin de ces coups, l’on nous a entendus sur procès verbal. J’ai refusé de faire une déposition parce que j’en ai déjà fait six dans ce commissariat-là. Par la suite et au bout de
deux heures de temps, nous avons été conduits auprès du délégué régional à la sûreté nationale pour le Centre qui nous a tenus un langage que je juge d’un autre siècle. Il nous parlait en père de
famille en nous disant que le linge sale se lave en famille. Il m’a dit qu’un père ne demande jamais pardon à son fils et qu’il fallait que je me calme et faire confiance à la justice
camerounaise ; que nous ne devons pas humilier le nom du Cameroun. Pas une seule fois, il n’a pensé à l’établissement de la vérité et de la justice dans cette affaire Vanessa Tchatchou. Je dirais
aussi qu’il a tenté d’expliquer aux autres qui étaient présents, que Vincent Sosthène Fouda est instrumentalisé ou alors il a un agenda caché et que cet agenda caché, est qu’il cherche à obtenir
un statut de réfugié politique en France ou aux Etats-Unis, et que pour cela il voudrait montrer que le Cameroun est un Etat de non droit.
Bien évidemment, il s’adressait aux adultes qui ne sont pas tombés dans ce panneau-là. J’ai l’impression d’ailleurs que ce qui est en train de se passer c’est que l’on tente par tous les moyens
de m’isoler de ce combat, afin de faire disparaître le dossier Vanessa Tchatchou. On m’a fait par exemple écouter les enregistrements de Shanda Tomé qui dit des choses par très agréables sur ma
personne en pensant que je devais réagir, ou alors en tentant d’utiliser, je vais utiliser une expression qui avait été utilisé dans les années 1985 «Bamilékiser» le conflit. Vous vous souvenez
de la fameuse affaire de la «bamilékisation» de l’Eglise catholique au Cameroun ; j’emploie ce néologisme là parce qu’on voudrait que cette affaire soit une affaire des Bamilékés, que les
Bamilékés eux-mêmes ne soient pas disposés à accueillir Vincent Sosthène Fouda dans une affaire qui est la leur. De l’autre côté, on a une communauté béti qui ne verrait pas d’un bon œil qu’un de
ses fils s’intéresse à une affaire bamiléké. Donc, le pouvoir essaie par tous les moyens de faire croire ça. Vous savez que plus de la moitié des camerounais a moins de 40 ans ; ils se
rencontrent à l’école, dans les débits de boisson, dans les stades de foot. Ils ne posent pas la question de savoir de quelle tribu vous venez. Ils se rencontrent simplement sur le plan humain,
tissent des affections en dehors de toute considération linguistique, ethnique etc. L’affaire Vanessa Tchatchou a ceci de particulier qu’elle met en scène, même si l’autre partie est invisible,
une jeune fille de 17 ans, originaire du village Bangou dans les Hauts plateaux dans la Région de l’Ouest, et un jeune de 23 ans, originaire de la Région du Nord, lesquels se sont rencontrés
juste par amour et veulent vivre cet amour. Leur pêché aujourd’hui, c’est d’aimer le fruit de leurs entrailles. Ceux qui nous gouvernent n’ont pas encore compris ça, parce qu’ils sont d’une autre
époque.
Sous votre impulsion, un nouveau test d’Adn vient d’être réalisé en Suisse. Et le résultat qui en sort atteste que l’enfant que porte la magistrate, a un lien de paternité avec Vanessa
Tchatchou à 99,99%. Avez-vous des arguments pour justifier une telle procédure qui tend à être mise en doute ?
Il faut savoir que je connais la magistrate depuis le mois de janvier. Nous nous sommes rencontrés, nous avons mangé ensemble. Ça sera peut-être surprenant de vous le dire ; il est même né entre
nous une certaine sympathie. Cette femme là m’a ouvert les portes notamment pour savoir qu’il y a un véritable trafic d’enfants dans notre pays. Elle m’a donné les noms des médecins, des délégués
qui sont impliqués dans le trafic des nourrissons au Cameroun. Et quand elle m’a présenté l’enfant et bien évidemment, elle a voulu se protéger ; parce que cette magistrate dans un premier temps,
m’a dit qu’elle avait vraiment fait un enfant. Celle-ci m’a présenté les documents légaux qui attestent que les examens prénataux ont été suivis, puis elle a pris un congé de maternité pour
attester qu’elle avait accouché. Par la suite, elle m’a présenté les papiers aussi vrais que les premiers qu’elle a adopté un enfant.
Dans la même logique, elle m’a expliqué : «vous comprenez Pr, j’ai été enceinte, j’ai fait une fausse couche». Il y a déjà trois versions des faits. Et quand j’ai eu l’enfant dans mes bras, j’ai
simplement recueilli quelques mèches de cheveux, j’ai fait des photos aussi, lesquelles j’ai données à qui de droit. Ça il faut le relever que Vincent Sosthène Fouda a fait des photos et a remis
à qui de droit, et nous demandons à qui de droit de rendre publiques ces photos. Une fois que les autorités rendront publiques ces photos, nous pourrons commencer le débat. Le pouvoir en place
est capable de dire que les photos n’ont jamais existé. Et je ne voudrais pas qu’on dise que j’ai jeté en pâture un nourrisson. Pour me résumer, je dois dire que les autorités savent que j’ai les
photos, que j’ai fait ces prélèvements-là. Pour Vanessa, il n’y avait aucune difficulté puisque nous avons prélevé sa salive. Nous avons fait ce qu’on appelle des échantillons que nous avons
scellés. Puis nous les avons amenés en Suisse et le centre universitaire Vaudois de Lausanne, a rendu le 2 mars dernier son verdict qui indique clairement qu’il y a un lien. En fait, les
prélèvements sont anonymes : c’est juste marqué échantillon A, échantillon B. Ils ont donc réussi à démontrer qu’il y a un lien de filiation ou de parenté entre le sujet A prélevé et sujet B
prélevé. C’est-à-dire A qui est Vanessa et B qui est l’enfant que porte la magistrate. Ce n’est pas nous qui l’avons fait, c’est un laboratoire. Les médecins qui ont réalisé le test sont là, ils
se sont déjà prononcés même s’ils n’ont pas vocation à le faire ; ce sont des scientifiques. Voilà quelle est la situation aujourd’hui. Il y a une Ong canadienne qui est disposée à venir au
Cameroun réaliser ce test pour que la lumière soit faite définitivement sur ce problème.
A qui avez–vous remis ces résultats ?
Nous avons une copie de ces résultats à l’avocat de Vanessa Tchatchou ; une copie au parlement européen et bien évidemment une copie à qui de droit (aux autorités).
Quelle est la suite que vous réservez à votre combat ?
Le prochain combat va m’amener dans les prochains jours au parlement américain. Je serai reçu mardi prochain par un certain nombre de députés américains pour parler du trafic des nourrissons au
Cameroun. Et jeudi prochain, je serai reçu à la chambre de Commune à Ottawa au Canada où je dois également présenter le dossier de trafic de nourrissons et bien en filigrane l’affaire Vanessa
Tchatchou.
Est-ce que votre sécurité est menacée ?
Je ne suis plus en sécurité dans ce pays quand je peux me faire tabasser par la police qui est censée assurer ma protection. Mais il faudrait que le Cameroun sache que pour une fois, le sang des
martyrs au Cameroun va faire des conversions. Si je meurs, d’autres se lèveront pour que la lumière soit faite sur cette affaire, parce qu’on ne peut pas empêcher à la lumière du jour de se
lever.
Par Bernard Tchami
Source : La Nouvelle Expression