Cameroun un pays dans une situation sanitaire dépressive : un pays où les élites au pouvoir et leur famille proche et amis ont abandonnés les hôpitaux nationaux pour les hôpitaux Européens.
Cameroun un pays dans une situation sanitaire dépressive : un pays où les élites au pouvoir et leur famille proche et amis ont abandonnés les hôpitaux nationaux pour les hôpitaux Européens.
Jean-Baptiste Bokam,
le Secrétaire d’Etat à la Défense,
chargé de la gendarmerie
CAMEROUN - EVACUATION SANITAIRE : POURQUOI LES ÉLITES PRÉFÈRENT SE SOIGNER ET MOURIR À L’ÉTRANGER ?
Même pour un simple paludisme ou un accouchement, les Camerounais aisés prennent le chemin de l’étranger. Comme s’ils craignent de se soigner au Cameroun ? Un luxe ou un aveu que la défaillance de l’Etat de doter le Cameroun des hôpitaux de référence dignes.
La nouvelle est tombée, sèche : Jean-Baptiste Bokam, le Secrétaire d’Etat à la Défense, chargé de la gendarmerie se trouve depuis mercredi à l’hôpital militaire français du Val-de-Grâce, situé dans le 5e arrondissement. Quelques jours plus tôt, c’est l’ancien ministre, le docteur en droit, et magistrat, Robert Mbella Mbappe qui est allé mourir à l’étranger. L’année dernière, l’ancien Premier ministre et sénateur Rdpc avait été évacué à l’étranger aux frais du contribuable camerounais. Et à son retour au pays, il avait envoyé une lettre de remerciement au président Paul Biya. Le chef de l’Etat lui-même et toute sa famille de soignent à l’étranger même pour un simple paludisme et écorchure. Tout comme l’ensemble des membres de son gouvernement, les directeurs généraux de sociétés d’Etat, les hauts fonctionnaires ; les hommes d’affaires, etc.
Cette attitude n’est pas propre au Cameroun mais à toute l’Afrique excepté quelques rares pays comme l’Afrique du Sud. Quand Mandela a été malade, tous ses soins se sont passés dans son pays où il est mort. Il n’a jamais effectué le moindre déplacement pour l’extérieur même au plus fort de sa maladie. Récemment, du 13 au 15 janvier 2014, le président grabataire algérien est allé passer trois jours au Val-de-Grâce pour un contrôle. Et l’année dernière, il y avait passé plusieurs semaines après une attaque d’Avc (accident vasculaire cérébral). Déjà en 2006, Abdelaziz Bouteflika avait été hospitalisé dans la même formation sanitaire pour un ulcère gastrique. Le président tchadien Idriss Deby Itno qui a des problèmes de foie de par son éthylisme est un grand client du Val-de-Grâce, tout comme beaucoup d’autres chefs d’Etat africain.
De son vivant, le président tunisien Habib Bourguiba se soignait en France, au grand dam des médecins de son pays qui disaient avoir la compétence et les équipements nécessaires pour le soigner sur place dans le pays. La plupart sinon la totalité de nos ministres se soignent à l’extérieur alors qu’il y a quelques années le Cameroun était une référence en Afrique centrale. Tchadiens, Centrafricains, Equato-guinéens descendaient à la clinique Paul Soppo Priso tenue à l’époque par un expatrié René Savin de Larclause ou à l’hôpital central de Yaoundé ou à celui du Chu à Yaoundé. Depuis lors, la Guinée Equatoriale a construit un hôpital de référence avec l’aide des Israéliens qui dépasse tout ce que le Cameroun a en matière de santé. Omar Bongo Ondimba du Gabon est allé mourir en Espagne. Tout comme Gnassingbé Eyadema du Togo est mort en plein vol dans l’avion qui l’emmenait en Israël. Quelle honte pour les Africains, il est vrai que le président vénézuélien Hugo Chavez soignait son cancer à Cuba avant de mourir.
La peur d’être assassiné.
Paul Biya, ses ministres, ses directeurs généraux et hauts responsables ont peur d’être assassinés s’ils se font soigner sur place au Cameroun. Une injection ou une perfusion et le tour est joué, car on ne sait pas ce que le médecin va mettre dans la seringue, du poison peut-être, des virus peut-être. D’ailleurs, quand il arrive que certains se fassent hospitaliser pour un contrôle banal à l’hôpital général ou des cliniques privées huppées, ils ne le font pas savoir à leurs proches, même à leurs épouses, tant ils craignent que ces épouses ne s’entendent pas avec les médecins traitants pour provoquer leur mort. Même à l’étranger qui leur dit qu’on ne peut pas provoquer leur mort. On a vu comment le président angolais Agostino Neto, formé à l’université de Coimbra au Portugal où il avait obtenu son diplôme de médecin en 1956 à l’âge de 34 ans est allé mourir dans l’Ex-Urss en 1979 à l’hôpital. Les soviétiques voulaient placer à la tête de l’Angola quelqu’un formé chez eux et en qui ils avaient placé leur confiance. C’est l’actuel chef de l’Etat angolais José Eduardo Dos Santos qui a fait ses études d’ingénieur en pétrole là-bas.
L’absence d’un bon plateau technique.
Paul Biya et ses collaborateurs n’ont aucune confiance aux médecins et au matériel technique qu’il y a dans nos hôpitaux. Pourtant les médecins camerounais sont respectés pour leur expertise et leur compétence dans le monde entier. Ils sont des milliers en France, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, etc. Qu’est-ce qui fait alors problème ? Le manque d’équipements, d’appareils perfectionnés qu’on trouve dans les hôpitaux occidentaux. Mais alors qu’estce qui empêche que le Cameroun achète ces appareils pour les installer dans ses hôpitaux ? Il paraît que certains hôpitaux de référence sont bien équipés, mais alors pourquoi sontils boudés par les membres de notre élite ?
Un problème de prestige ?
Certains membres de notre élite ont honte qu’on les hospitalise dans nos formations sanitaires parce quels gens vont se moquer d’eux qu’ils ne sont rien. Alors pour un simple paludisme, ils vont à l’étranger, tout comme pour la grippe, les amibes. Si le ministre ne voyage pas quand il est malade, il perd de son prestige, soit on dit qu’il est chiche, surtout que c’est l’Etat qui paie.
Les épouses des l’élite accouchent à l’étranger.
Il y a des familles ici au Cameroun dont les visites prénatales se font à l’étranger. Les grossesses parfois sans risques sont suivies à l’étranger jusqu’à l’accouchement. Il faut voir ce que cela coûte au contribuable ou au trésor public. Si c’est un homme d’affaires qui met son argent en jeu, cela se comprend, mais quand c’est un ministre ou un directeur général d’une société d’Etat qui le fait, où va le pays ? Il y a même des gens qui sont allés plus loin comme par exemple cette épouse d’un ancien Directeur général de la Camair, un Bamoun, qui prenait l’avion, surtout le Combi pour aller se coiffer à Londres ou à Paris où elle passait un jour. Les milliardaires américains font ce genre de choses : ils réservent une table à Paris, décollent dans leur jet privé, prennent leur repas à Paris à la tour Eiffel et reviennent le même jour ou le lendemain sans toucher à l’argent du contribuable.
Une mentalité de sous-développé.
Il est temps que l’Etat camerounais revoie ce problème d’évacuation sanitaire. Nous avons de bons médecins. Qu’on mette à leur disposition des bons équipements et tout ira bien. Il est honteux que cinquante ans après notre indépendance que nous continuons à évacuer nos malades à l’étranger pour un simple paludisme, ou la fièvre typhoïde. Le professeur de médecine français, Bertrand Edmond, doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan intervient souvent dans Jeune Afrique en donnant des conseils aux Africains. Un jour, il avait dit que sur le plan alimentaire que les Africains ne devraient pas imiter les occidentaux. Les Africains ont beaucoup de condiments verts pour préparer leur poisson et leur viande mais au lieu de cela ils utilisent par exemples cube Maggi qui sont dangereux pour la santé. Les gens savent-ils que ces produits contiennent parfois du formol.
Par Michel Michaut Moussala
Source : Aurore Plus