Cameroun : L’inefficacité d’ELECAM en chiffres.
Cameroun : L’inefficacité d’ELECAM en chiffres.
Bilan : Refonte des listes électorales: La vérité des chiffres
Il y a moins de deux millions d'inscrits qu'en 2011 selon les statistiques publiées par Elecam. Que se passe-t-il?
Une baisse inquiétante
Les chiffres ont été rendus publics il y a quelques .jours par Elecam. Il y a 5.454.459 inscrits sur les listes électorales contre 7.497.379 à l’élection présidentielle du 9 octobre 2011. A quoi
est dû cet écart impressionnant de 2.033.820 électeurs? Au nombre insuffisant de kits? Au fait que les élections n'intéressent plus les Camerounais? D'autres raisons? Le bon ou le mauvais travail
d'Elecam? Aurore plus revient sur un dossier qu'il a traité récemment.
Lors de l'élection présidentielle du 9 octobre 2011, il y avait comme nous l'avons relevé plus haut 7.497.279 inscrits sur les listes électorales. Dans un moment d'euphorie les responsables
d'Elecam avaient parlé à l'issue de l'opération de refonte et non de révision du fichier électoral de dépasser le chiffre de 7 millions d'inscrits, voire d'atteindre les 8 millions. La réalité
est autre aujourd'hui avec la publication des chiffres. L'écart entre 2011 et 2013 est énorme. Qu'est-ce qui peut expliquer cela?
On peut supposer qu'avec la refonte, c'est-à-dire on reprend à zéro les inscriptions sur les listes électorales, ce qui efface ou élimine les morts, les doublons qui allaient persister si c'était
une opération de révision. En effet avec la révision; il y avait beaucoup d'erreurs que ne laisse pas passer une opération classique de révision. Avec l'augmentation de la population estimée
aujourd'hui à plus de 20 millions d’habitants, on se serait attendu normalement à une augmentation du nombre d'inscrits.
Voyant le nombre d'inscrits insuffisants, Paul Biya a rendu gratuit l'établissement de la carte nationale d'identité. Rien n'y a fait. En effet, les citoyens se sont précipités sur les
Commissions, se sont faits établir les cartes d'identité mais ne sont pas allés vers les bureaux d'Elecam pour s'inscrire massivement comme on s'y attendait. Donc le problème n'est pas au niveau
du coût de la carte d'identité qui est un frein à l'inscription sur les listes électorales. Il se trouve peut-être ailleurs. Où alors?
L'échec d'Elecam
Le constat est là: en dehors de vrais mordus, peu de Camerounais s'intéressent à la politique. Les gens ont beaucoup plus de préoccupations matérielles (manger, boire, honorer les factures d'eau
et d'électricité, les frais de scolarité des enfants, etc) que politiques. Les citoyens camerounais ont constaté depuis longtemps que les résultats sont toujours en faveur des candidats du Rdpc
quand il s'agit des législatives et des municipales et de Paul Biya à la présidentielle. Et cela depuis des décennies. Ils ont donc conclu qu'il ne sert à rien d'aller s'inscrire puisqu'on
connaît d'avance les résultats.
Elecam a péché au début par excès d'optimisme en avançant comme nous l'avons signalé plus haut des chiffres faramineux pour se rendre compte après les prorogations décidées par Paul Biya qu'il
n'était pas possible d'atteindre ces chiffes. C’est Elecam qui vient éclaircir la "situation en donnant les chiffres sortis de ses bureaux sans chercher à les biaiser, à les manipuler quand c'est
le Ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd) qui pilotait les opérations. On peut donc dire qu'Elecam a fait du bon travail en sortant les vrais chiffres.
Vers Une nouvelle prorogation?
Cela est possible mais seulement pour le faire, il faudra une fois de plus repousser les législatives et les municipales, ce qui est un casse-tête pour Paul Biya. Les mandats des Députés et des
Conseillers municipaux ont pris fin depuis juillet 2012. Faut-il encore les proroger alors que cela a été déjà fait? On s'achemine peut-être vers cette solution qui arrange bien ces élus du
peuple. Mais est-ce une bonne chose de faire siéger au parlement des Sénateurs fraîchement élus et nommés avec des Députés qui sont là depuis 6 ans? Alors qu'il serait bon que les Députés soient
des gens nouvellement élus.
La différence est parfois énorme dans certaines régions entre les chiffres de 2011 et ceux de 2013. A titre d'exemple, prenons les trois régions qui comptent le plus grand nombre d'inscrits. Pour
l'Extrême Nord, l'écart est respectivement de 457 000 ,164 000, de 211.000 pour le Centre et de 204 000 pour le Littoral. Les populations ont-elles été moins sensibilisées dans l'Extrême Nord
comme à l'accoutumée? Lors du lancement de la campagne électorale pour les sénatoriales, le Président de la Commission régionale de campagne, Amadou Ali a mis cela sur le compte de l'absence de
matériel d'Elecam sur le terrain. Une manière d'implorer une prorogation afin de rattraper le retard surtout qu'en l'absence d'un calendrier électoral clair et précis, il n'y a aucune raison qui
justifie l'arrêt des inscriptions.
Par Michel Michaut Moussala
Source : Aurore Plus